Un reportage qui signe un échec misérable de la société

« ENQUETE EXCLUSIVE SUR LE CAS CANTAT », UN REPORTAGE QUI SIGNE UN ECHEC MISERABLE DE LA SOCIETE.

Ça m’a pris du temps pour rédiger cet article. Il y a une partie de cette société qui « tue » cette liberté d’expression, cette liberté d’être humain. Ces quelques jours m’ont été nécessaires pour m’avouer à nouveau que c’était mon droit de m’exprimer et que je n’avais rien à craindre à être humain. J’utilise volontairement ce verbe « tuer », qui va peut-être choquer dans ce contexte, mais faire de Vilnius un cas utile pour la prétendue lutte contre les violences conjugales, ou un cas qui nous auraient révélé je ne sais quelle clé de compréhension, un cas qui nous aurait appris que l’Homme peut dévier, déraper, péter un câble, tuer, n’est qu’une immense escroquerie et une grosse manipulation. C’est choisir de tirer profit de la peine des autres au détriment d’une évolution positive de l’humanité. Lorsque la société ou un pays détruit cette possibilité d’évolution, elle maintient et renforce une guerre, celle que nos enfants hériteront. C’est lâche.  

J’ai survolé ce documentaire, un lynchage médiatique, du voyeurisme, une vraie incitation à la haine envers une seule personne. Une intention collective et volontaire de détruire un être humain. Une organisation de la destruction… Je ne sais pas si une civilisation pourrait faire sciemment pire. Malgré la concentration de ces sentiments, ils ne m’ont pas atteinte. J’ai perçu ce document comme « un échec de notre société ». Une absence de vision humaniste, des propos qui – selon moi – ne servent pas beaucoup, voire pas du tout, la lutte contre les violences conjugales ou toute autre forme de dérapage humain. Je vais tenter d’expliquer pourquoi, en toute sincérité et sans haine.

En tant que femme, en tant que mère, je maintiens à 100% ma position pour le retour de Bertrand Cantat, pour son droit à exercer son métier d’artiste, pour que son œuvre puisse continuer dans la forme qu’il choisira de lui donner, pour son droit à repartir dans sa Vie et évoluer à travers elle, pour le droit de son public à profiter de son art. J’aimerais souligner que ce point de vue n’est pas toujours facile à partager en raison de l’attaque gratuite et systématique qui tend à culpabiliser les gens appréciant encore et toujours une valeur certaine chez Bertrand Cantat. Parfois, ce sentiment peut être très inconfortable jusqu’à se demander si on n’est pas en train de prendre un risque pour soi-même. Tout ça découle en partie de la non volonté de sortir de cette case « haine » de la part de certains médias. Cela dit, je sais qui je suis et je tiens à défendre cette place en précisant encore une fois qu’il est tout à fait possible d’aimer et d’encourager cet artiste tout en

  • Luttant contre les violences conjugales ou autres abus,
  • Comprenant et en respectant que certaines personnes n’adhèrent plus à sa valeur,
  • Exprimant la plus grande et sincère compassion à l’égard de toutes les personnes ayant été blessées de façon définitive par cette tragédie.

Chacun trouve sa place dans cette constellation que nous formons en fonction de son parcours de vie et de ses valeurs et c’est à partir de ce point que chacun peut apporter son unique contribution pour une meilleure humanité. C’est la beauté de notre diversité. Je serais très lâche et malhonnête envers ma propre Vie et ce qu’elle m’a enseigné si je me positionnais autrement juste par « commodité », pour être avec une majorité ou par crainte d’assumer mes convictions. C’est mon habitude de rester fidèle à moi-même.

Un artiste italien dit « ne crains jamais de rater un tir au but, ce n’est pas à partir d’une telle particularité que tu seras jugé, un vrai joueur, tu le reconnais à son courage, à son altruisme et à sa fantaisie ». L’artiste est Francesco de Gregori. Le foot est une magnifique métaphore, grâce à son langage universelle et populaire, pour parler de la Vie – ce temps de jeu qui nous est donné. Jouer en étant soi-même ET en sachant de quel côté est le but à atteindre…

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UNE VISION HUMANISTE

Personne n’est venu sur terre pour accomplir un parcours sans faute et nous appartenons tous à cette catégorie d’Êtres humains pouvant déraper à tout moment…

Créatrice de Loup Chocolat, l’idée de ce nom – sous forme de métaphore – est de prendre conscience des extrêmes qui définissent notre grandeur et à partir de là, (re)partir vers ce qu’il y a de mieux en nous à chaque fois que la Vie nous le propose ou l’impose afin d’apporter notre meilleure contribution à ce monde. Un monde en paix n’est rien d’autre qu’un ensemble d’êtres humains voulant la paix.

Bertrand Cantat a tout fait pour récupérer son droit à reprendre sa Vie là où elle était restée. Pouvoir faire face à ce qui reste devant nous en portant notre valise est un droit tout comme un devoir que je défends. Je pense que c’est en ouvrant volontairement l’espace à cette dimension, autant chez un être humain qu’au sein de la société, qu’une évolution nous attend. Une évolution belle et utile à laisser à nos enfants. La lumière que Bertrand Cantat a su attirer est une réponse à son talent. Il n’y a pas d’amour à jeter sur cette terre, l’amour entre cet artiste et son public était déjà une valeur avant et reste une valeur certaine aujourd’hui. Un besoin qui continue pour tout un monde qui l’admire, un monde légitime.

J’aime voir les choses sous cet angle de vue. La force d’une histoire humaine est qu’elle peut en impacter une autre, juste parce qu’elle est comme elle est, déclencher de bonnes choses et ainsi de suite… Au nom de quoi pourrions-nous stopper cette fluidité, le courant de nos vies ? Nous passerions à côté des plus belles et nécessaires choses à réaliser.

Humaniste mais pas laxiste
Je vois l’humanisme comme un mélange d’indulgence et de fermeté avec un encouragement à la paix et à vivre notre grandeur.

Dans l’idéal, chaque personne qui fait du mal doit payer. Or, nous savons que ce n’est pas le cas et que ceux qui payent, payent également pour d’autres et certains ne payeront jamais. Difficile de renverser cette tendance, alors ne pourrions-nous pas nous en servir et voir comment cela pourrait nous aider à grandir ?

La société est certainement un complice de tous nos dérapages en raison de tous ces sentiments difficiles que nous absorbons tous les jours et qui découlent des injustices, des inégalités, d’une mauvaise répartition des richesses et des opportunités… Un climat qui nous charge et surcharge constamment de révolte et qui peut activer ces zones de notre monde intérieur qui sont celles capables de toucher à l’extrême. Nous les avons tous ces zones. Et quand l’acte se passe, l’être humain est déconnecté de tout ce qu’il peut être d’autres que ce qu’il est à ce moment précis (quand l’acte n’est pas prémédité). En d’autres termes, le plus et le plus vite dans notre vie, nous prenons conscience des facettes, des polarités qui nous constituent, le plus nous serons à mêmes de faire les meilleurs choix pour nous-mêmes et pour notre entourage à tout moment.

Le Mal est en chacun de nous, et la valeur d’un homme se juge à la façon dont il défie ce mal.
David Gemmell

Tant que nous sommes en vie, cette phrase nous concerne.

Lorsque nous sommes face à un cas comme celui de Bertrand Cantat, qui, après le drame, a suivi une trajectoire incontestable sur le plan judiciaire et qui est un grand artiste avec une valeur certaine, nous sommes probablement face à un cas qui est là pour nous faire grandir. Et ça passe peut-être par un chemin que nous n’avons pas connu dans notre histoire jusqu’à présent. Lorsque j’entends : « nous n’avons jamais connu ça, jamais un criminel n’est remonté sur scène… », je me dis deux choses :

  • Ce n’est pas parce qu’on ne l’a pas connu avant qu’aujourd’hui ça ne serait pas, justement, une route qui pourrait nous faire évoluer,
  • Bertrand Cantat n’est pas juste un homme qui a commis un crime, Bertrand Cantat a apporté de la valeur et a fait du bien à des millions de personnes avec son talent et son inspiration, il est un homme engagé qui a toujours pris position contre les inégalités. Ensuite, il a dérapé, il est devenu auteur d’un crime, en effet, il a payé la facture que la justice a prononcé, il est aujourd’hui libre et toujours maître d’un art qui ne prône nullement la violence, bien au contraire… Et tout le paradoxe est là, c’est qu’il peut certainement apporter encore à son monde, son public, un bout de ce dont il a besoin, pour permettre à des milliers gens d’aller mieux. Voilà, qui il est.

Rester sans grandir face à cette situation serait vraiment dommage. Alors de mon point de vue, comme je pense que la société joue un rôle de complice dans tous les dérapages, je parle en général, peut-être ne devrait-elle pas arracher une tranche de cette erreur, parce que ça lui revient, et laisser à nouveau ce bout de ciel bleu au-dessus de Bertrand Cantat ? Ce bout de ciel bleu, qui n’a pas dit son dernier mot, lui appartient. Ce qu’il a à dire est certainement très précieux pour toute l’humanité. Évidemment, il n’y a plus de place pour un dérapage. Lorsque l’irréparable a été atteint, la deuxième chance se profile avec beaucoup de contraintes, et c’est normal. C’est là où prend place la fermeté. Mais ne pas donner vie à cette deuxième chance, c’est privé toute une époque de l’accès à une compréhension qui pourrait nous emmener bien plus loin de ce qu’on pense.

Chaque être humain est une valeur précieuse, la vivre est un droit fondamental jusqu’au bout, tout en portant sa valise.

UN DOCUMENTAIRE QUI APPAUVRIT LA SOCIÉTÉ

Je ne vais jamais dire que ce n’est rien ou pas grave ce qui s’est passé. Il faut toujours être deux pour que ça arrive. Chacun des protagonistes a joué son rôle, deux êtres émotifs, excessifs, flirtant avec certaines limites à cette époque-là de leur vie, probablement. Très aimés et adulés par leur public respectif, une tragédie qui a touché un nombre très élevé de cœurs et d’esprits. La vérité la plus intime leur appartient. La responsabilité « entière » de cette issue tragique incombe à Bertrand Cantat. C’est ce qu’il a déclaré, assumé, il a été jugé pour ça, a purgé la peine infligée en refusant toute dérogation. Une procédure incontestable sur le plan judiciaire. SI CHAQUE PERSONNE QUI FAISAIT DU MAL OU COMMETTAIT UNE ÉNORME BÊTISE SUIVAIT CETTE MÊME TRAJECTOIRE, LE MONDE SE PORTERAIT BEAUCOUP MIEUX. La cause de toute injustice ou de tout déséquilibre qui perdurent dans notre monde n’est pas au niveau des personnes qui ont payé, mais au niveau de ceux qui ne payent pas et/ou qui ne comptent pas arrêter de donner des coups. C’est par là, que devrait être dirigé l’objectif de la caméra…

Plusieurs éléments m’ont interpellée, déçue, parfois choquée dans ce reportage, je vais en « contre-attaquer » quelques-uns avec comme intentions mon désir et mon engagement de ne pas laisser juste passer ces tirs, si facilement, de m’exprimer en tant qu’être sensible et passionnée et de jouer en direction du but d’un monde meilleur.

ON COMPTE « LES ANNÉES DEPUIS VILNIUS » MAIS ON NE DONNE TOUJOURS PAS NAISSANCE AU VRAI COMBAT…

C’était dans l’énoncé de l’émission : « les violences faites aux femmes sont en constante augmentation, M6 a mené une enquête exclusive sur le cas Cantat… ». Est-ce une défaite que vous annoncez ? Je ne comprends pas le raisonnement qui pousse à revenir sur un cas qui date de seize ans et qui est passé dans les mains de la justice alors que le vrai problème est au niveau de tous ces cas qui « fuient » et restent insaisissables par l’institution judiciaire. On trouvera toujours plus d’horreur dans l’horreur. Ce n’est pas un défi en soi, rien de glorieux, c’est facile et ça ne mobilise en tout cas pas l’intelligence humaine. C’est juste une façon « efficace » pour ne pas se poser les bonnes questions, celles qui gênent et dont les réponses guideraient vers les vraies causes responsables des dérapages humains. Atteindre cette compréhension, c’est donner naissance au vrai et juste combat. Passer à côté, c’est afficher un manque de courage pour aller identifier et faire face à ce dénominateur commun aux déviances, un ingrédient servi chaque jour par la société. Cela revient à masquer lâchement la non efficacité de la prétendue lutte actuelle et d’y trouver « son compte » dans une telle action.

Ce n’est qu’une orientation tournée vers le profit et la perversité qui ont pu motiver la création et la diffusion d’un tel documentaire

Si vous voulez poursuivre dans cette direction, votre émission « scandaleuse et qui viole le principe du secret judiciaire » est déjà prête pour demain. On reprend les mêmes et on recommence…, dans un an, dans dix ans, dans cinquante ans… ça sera identique, ce qui a été « moche, malheureux et fatal » en 2003, le restera, en 2030, en 2050, en 2080…

Vilnius n’a pas apporté « la clé de lecture manquante » pour expliquer ou comprendre la problématique de la violence possible chez les êtres humains. Oui, l’Homme peut perdre son contrôle, l’Homme peut commettre l’irréparable et ce, depuis que le monde est monde. Ce soir-là, la mort a répondu « présent » pour un des deux, peut-être s’est-elle dit : « si je prends les deux, vous n’en tirerez pas une bonne leçon… »

Nos enfants sont le moteur

Qu’est-ce qu’on aimerait que nos enfants et petits-enfants racontent de nous dans cent ans par rapport à la lutte contre les violences faites aux femmes, les abus et à l’évolution de l’humanité ? Ne serait-il pas merveilleux de leur laisser un documentaire qui racontent comment la violence a été combattue en début de siècle grâce à l’activation d’une intelligence humaine ? Imaginer un tel documentaire peut donner quelques bonnes pistes à explorer…

Vous pouvez poursuivre comme but de mettre à terre Bertrand Cantat, peut-être allez-vous y arriver ? Je ne l’espère vraiment pas. Je me demande ce qu’indique votre « décenceomètre » ? Ce qui est certain, il n’y a aucune lutte efficace contre les violences conjugales en allant dans ce sens-là.

METTRE CE CAS SUR UN PODIUM DÉROULE LE TAPIS À TOUS CES CAS QUI NE FONT PAS DE BRUIT

La manière dont cette histoire tragique est sublimée en fait « la meilleure amie » de tous ces autres cas qui se déroulent sans gêner personne et bien sûr, sans représenter un intérêt quelconque pour les médias.

C’est un énorme dérapage, celui de faire du cas Trintignant-Cantat « le champion des cas » de violences conjugales. Il est peu utile puisqu’un certain nombre de paramètres étaient liés – à mon sens – à leur Vie de célébrités. La plupart des gens concernés par les violences conjugales n’ont pas accès à ce mode de vie. C’est encore une fois un luxe lâche de s’acharner sur ce cas – jugé depuis 15 ans –  car il laisse les autres dans un silence…mortel.

Alors quand j’entends Marlène Schiappa  – qui au passage, voir un membre d’un gouvernement participer dans un documentaire qui diffuse de la haine est tout à fait étonnant et inquiétant…-, ou Lio analyser les caractéristiques d’hommes et de femmes ayant été impliqués dans des conflits de violences conjugales, me donne l’impression que le problème est saisi du mauvais bout. Sans me positionner comme experte, mais quand même avec un certain parcours, je ne voudrais pas être décourageante ou rabat-joie, je crois qu’il va falloir compter autant de profiles, de caractéristiques que quasi de cas ou de situations, et que à chaque fois qu’il faudra faire correspondre un cas à un profile, un autre se sera créé et ainsi de suite… C’est une course sans fin, la diversité des situations n’a pas de limite et on ne peut pas maîtriser cet aspect-là. Sinon, on serait déjà capable de les empêcher ou du moins réduire leur nombre. La tendance est bien inversée. Par ailleurs, on entend souvent dans les témoignages, quels qu’ils soient : « jamais, j’aurais pu m’attendre à ça » « je ne pensais pas que ça pouvait aller jusqu’à là » etc. Mesdames, merci pour les caractéristiques, mais évidemment que c’est le côté sombre de l’être humain qui réalise dérapage. Oui, le côté sombre de Bertrand Cantat est sombre, mon côté sombre est sombre, le côté sombre de la société est sombre… Ne faudrait-il pas plutôt se poser la question de quels profils ou quelles caractéristiques d’un être humain pourraient gêner un dérapage ? Quel serait son pire ennemi ? Comment l’encourager ? De cette façon, on prendrait le problème par le fond.

J’ai entendu Maître Kiejman décrire Bertrand Cantat comme « un homme ordinaire au comportement monstrueux », alors je vous demande : connaissez-vous un cas de violence, fatale ou pas, au sein d’un couple qui s’est déroulé de façon « classe et non monstrueuse » ? Je me sens « horrible » lorsque j’écris cette question et je vous en veux de me procurer ce sentiment. Si vous connaissez un tel cas, je demande à voir le documentaire. Le pire dans tout ça, est que cela pourrait insinuer – c’est mon sentiment – qu’il y aurait eu une espèce de « tolérance » si le curseur sur l’échelle de monstruosité avait été juste à côté… Il y a là un message terrifiant – à mon sens – adressé à la société et à toutes les personnes qui dévient ou qui sont sur le point de dévier.

Le but n’est pas de classer un acte terrible sur une échelle de valeurs, ça ne servira pas la lutte, une fois de plus, mais de comprendre tout ce qui aurait pu l’empêcher.

Lorsque Raphaël Enthoven dit : « …elle avait 13 ans et 9 mois », sous-entendu, c’est plutôt 14 ans, à deux ans de la majorité sexuelle, ce n’est pas si grave que ça… Çà m’a choquée. Le philosophe Raphaël Enthoven est déjà dans le double-abus lorsqu’il évoque le cas de cette façon, car il minimise un ressenti auquel il n’a pas accès, ça ne lui appartient pas et ce n’est certainement pas à lui de définir ce que cette jeune femme a pu ressentir au moment des faits.

LE RETOUR DE BERTRAND CANTAT SUR SCÈNE : QUEL MESSAGE EST DONNE AUX BOURREAUX ?

Lorsque nous sommes dans le cas d’une personne qui a commis une faute, l’a reconnue, purgé la peine infligée, une fois libérée, c’est un droit de reprendre sa vie là où elle était restée. Que sa vie soit la scène, le garage, un bureau… Au nom de quoi la société devrait intervenir à ce sujet ?

En revanche, un autre point est beaucoup plus gênant. Lorsque nous continuons d’entendre le descriptif détaillé – variable en fonction de qui l’émet – sur le déroulement de la dispute, le nombre de coups etc. a directement un impact sur toutes les personnes étant peut-être sur le point de faire le pas pour sortir de leur souffrance. En sublimant le cas Vilnius, en le présentant avec « des chiffres », les femmes ou hommes qui cherchent à s’en sortir vont forcément être amener à se comparer, à comparer leur réalité, leur souffrance avec celle qu’ils peuvent lire dans les médias. Il n’y a rien de pire pour une personne prête à faire ce pas de se sortir de sa souffrance de l’amener à se dire : « est-ce que vraiment ma souffrance est légitime » ? « Ai-je raison de faire ça »?

Tant que le bourreau est pointé du doigt, la victime l’est aussi, deux étiquettes qui empêchent, autant l’une que l’autre, la résilience et la possibilité de se réapproprier sa propre Vie.

Il n’y a absolument aucune volonté de faire du bien ou de servir la lutte lorsqu’on avance certains propos, le seul but que vous atteignez et celui de maintenir et renforcer la haine envers un seul être humain.

C’est clair ! Contre les violences conjugales, le message devrait être : un coup est un coup de trop. Les enfants, on ne les touche pas. Les mineurs, on ne les drogue pas, on n’abuse pas d’eux/d’elles. Tous sont des déviances et dérapages très graves et le travail d’une société devrait être celui de comprendre la problématique de fond pour l’attaquer au bon niveau et réduire, voire éliminer le nombre de nouveaux cas.

***

Alors oui, Bertrand Cantat a commis l’irréparable et il s’est rendu à la justice sans jamais vouloir la fuir. Libéré, ses droits les plus fondamentaux sont bloqués par une société qui prétend lutter contre les violences et expliquer la décence en écrasant cet homme. Son droit est de pouvoir cultiver autant que possible l’envers de ce dérapage dans son cœur, dans sa vie, en tant qu’homme-artiste ayant retrouvé sa liberté. Ce geste de 2003 n’a pas supprimé qui il était avant, un homme engagé, un homme talentueux, un homme qui a attiré la lumière. Évidemment que certaines personnes vont réfléchir en se disant que désormais il n’est plus que ce « geste » et ne vont plus adhérer à sa valeur et c’est tout à fait compréhensible, chacun est libre. Mais tout un monde est là pour encourager tout ce qu’il sait être de bien afin qu’il continue à le cultiver et à le donner, en allant le plus loin possible. C’est son droit le plus fondamental.

Il y a toujours de l’amour dans le monde de Bertrand Cantat, un amour entre lui et son public, et il n’existe aucun amour à jeter sur cette terre.

UNE CONCLUSION, UN PARADOXE

Une société qui veut défendre les droits humains, dont elle est fière et se porte garante, mais qui ne parvient toujours pas à trouver en elle cette dimension pour les respecter et les appliquer est une société qui préfère lâchement régresser plutôt que de faire face à sa possible grandeur.  

A l’autre bout du lynchage médiatique existe une société capable de souhaiter à ses membres – circulant libres – de « se faire aimer pour ce qu’ils ont de bien et mieux en eux. » C’est le seul chemin vers une meilleure humanité.

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