En Suisse, le plurilinguisme nous tend une main vers une meilleure cohésion sociale

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En Suisse, le plurilinguisme nous tend une main vers une meilleure cohésion sociale et une meilleure connaissance de l’être humain

JE PARTAGE AVEC PLAISIR UNE EXPÉRIENCE DEVENUE UNE SOURCE D’INSPIRATION…

L’autre jour, ma fille, tranquille, me dit :

  • Maman, aujourd’hui, j’ai fait ma première dictée en allemand…
  • Ah bon, tu savais que tu devais la faire ?
    Non, la maîtresse m’a demandé si je voulais essayer, j’ai dit, Warum nicht…

Vivant actuellement à Zermatt, ma fille (9 ans) est dans une école germanophone depuis le début de l’année scolaire. Elle avait zéro connaissance à ce moment-là…

Sa phase « boule au ventre » en allant à l’école est loin derrière. Aujourd’hui, le souvenir de ce camarade qui lui dit pour la première fois « Du machst gut » est ancré dans sa mémoire, elle prend aussi plaisir à corriger ma prononciation… )) Elle n’oubliera probablement jamais cette première dictée en allemand qui ne s’est pas mal passée du tout, bref, plein de signes positifs émergent et ils sont tous bienvenus et tellement précieux.

Nous sommes au tiers du deuxième semestre, l’assurance, l’aplomb, la fierté d’une évolution ont pris la place de la crainte ou la peur de ne pas comprendre, de ne pas y arriver.

Je salue encore une fois l’évolution de l’école qui propose des solutions qui portent leurs fruits à l’égard des élèves allophones. Il est évident que l’envie de participer, la curiosité, le plaisir d’apprendre, avoir des objectifs, un environnement familial et social (de préférence) encourageants représentent également des conditions ciné qua non pour permettre à l’enfant de relever son défi et/ou de vivre au moins une bonne expérience.

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Ce vécu devient une vraie source d’inspiration. Une inspiration qui me ramène à cette grande valeur de la Suisse, à savoir, son multilinguisme. Selon mes propres souvenirs – peut-être que les gens de ma génération seront d’accord avec moi – l’arrivée de l’allemand dans le programme scolaire romand n’était pas présenté comme une richesse du pays mais plutôt le « fardeau », « bonjour les soupirs, les moments difficiles »… 🙂 Pourtant, si ce multilinguisme est bel et bien une richesse, ce n’est certainement pas par hasard, il cache peut-être effectivement un trésor qui pourrait servir le bien-être et la cohésion sociale.

La liste des bienfaits est longue, très longue… En voici quelques uns, ceux auxquels j’ai pensé en premier :

POUR QUAND UNE ÉCOLE PRIMAIRE BILINGUE PARTOUT EN SUISSE, DES LE DÉPART ?

L’ESTIME DE SOI
L’estime de soi est une chose fragile, subtile qu’il faut penser à protéger dès le commencement de cette existence. Renforcer la confiance en soi, apprécier le goût de l’effort, développer la capacité à s’adapter, trouver en soi ce courage pour s’exprimer, pour se lancer, se jeter à l’eau comme on dit, faire entendre sa voix, viennent solidifier ce pilier important, un vrai allié lorsqu’il s’agit de maintenir un équilibre personnel. Une école primaire bilingue contribuerait sans aucun doute à aller vers cette direction.

L’OUVERTURE DU MONDE ÉMOTIONNEL ET DÉVELOPPEMENT DES APTITUDES SOCIALES
Faire de l’ouverture aux autres cultures une normalité quotidiennes, un simple geste. C’est un art qui prend racine et se cultive dans le monde intérieur, là où précisément poussent les plus belles récoltes d’une vie humaine.

UN DÉFI QUI SCULPTE ET RESTE UNE FORCE POUR L’AVENIR
On se souvient de ce qui a été surmonté en tant qu’enfant, d’un désespoir que nous avons transformé. Comment on arrive d’une note suffisante à une bonne. L’expérimenter une fois signifie savoir que le chemin existe. On peut y revenir à chaque fois que c’est nécessaire.

C’EST AIMER CE PAYS, SON PLURILINGUISME, LE PORTER AVEC FIERTÉ
Cette richesse ne peut se garder et accroître sa valeur que si elle est véhiculée naturellement par les gens qui habitent ce pays. L’image de la Suisse valorisée, d’abord, de l’intérieur. « Une présence suisse en Suisse. »

LA PAIX, L’ALTRUISME, CE QUI N’EST PAS RIEN EN TERMES DE VALEURS AJOUTÉES…
Utiliser nos moyens pour parvenir à la compréhension lors de tout échange, c’est chercher la paix sociale, la reconnaissance de l’autre. La paix, l’altruisme conscient et constructif,seraient les grands gagnants du jeu! Je trouverais très rassurant pour un pays de se dire que cet « encouragement » devient une branche scolaire, égale à une autre.

La liste peut s’allonger encore…

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« ÉGALITÉ, UN MOT MAÎTRE, UN CHEF DE FILE »

On parle beaucoup d’égalité (diversité, inclusion etc), c’est un gros titre tous les jours dans les médias, les réseaux, les entreprises… J’aurais assez envie de lui donner une place à l’école afin de le mettre en lien avec les « branches enseignées ».

« JE SUIS PERSONNELLEMENT POUR L’ÉGALITÉ DES BRANCHES A L’ÉCOLE. PEUT-ÊTRE QUE CERTAINES MÉRITENT D’ÊTRE RECONNUES ET OFFICIALISÉES. JE PENSE QUE LA CONNAISSANCE DE L’ÊTRE HUMAIN EST TOUT AUSSI IMPORTANTE QUE L’APPRENTISSAGE DES MATHÉMATIQUES. LES LANGUES SONT ET RESTENT UNE JOLIE CLÉ DE LECTURE POUR DÉCOUVRIR QUI NOUS SOMMES. »

L’école représente un bon tiers de la vie durant au moins 12, 15 ou 20 ans de notre existence. Et parfois même plus. Redéfinir certaines priorité quant à l’utilisation de ce temps constituerait une belle piste de réflexion. Ne faudrait-il pas profiter de cet âge durant lequel la facilité à assimiler est comme une pierre précieuse que nous tenons dans notre main ?

Les langues permettent de découvrir des textes, des lectures, des poèmes, des jeux, des nouvelles passions, des hommes et des femmes qui sont passés par-là avant nous. Dans quel pays si pas en Suisse, ne devrions-nous pas opter pour des écoles primaires bilingues dès le départ ? Imaginez…

  • Choisir deux langues parmi les trois principales…,
  • Favoriser des échanges d’au moins une année scolaire —> – faire volontairement l’expérience d’être un élève allophone,
  • L’intégrer dans une démarche artistique, sportive etc

    Des idées de formules ne manqueraient pas… Et puis, il y a déjà des lieux parfaitement bilingues, je pense à Bienne notamment, ça existe, c’est possible…

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MAIS QUI SERAIENT LES PERDANTS DANS TOUT ÇA ?
Les perdants – ou ceux qui perdraient du terrain – sont la violence, la haine, les mauvaises intentions, les frustrations, l’isolement, l’exclusion, les déviances, les dérapages, les rixes entre jeunes… Il ne s’agit pas d’ignorer tous ces aspects de ce monde ou de jouer aux anges, justement pas, le pire et le mal resteront toujours une des facettes de notre civilisation. Mais en encourageant les possibilités inverses, ça permettrait à des êtres en devenir de se sentir capables, libres et responsables de choisir ces autres moyens d’expression, ces autres voies : une voie constructive, une voie évolutive pour eux-mêmes et pour la société. La meilleure des raisons pour favoriser cette prise de conscience est que ce sont ces mêmes êtres humains qui guideront le monde, tout soudain. Une telle « transformation » pourrait constituer un sacré gain à mettre dans tous ces bagages.

En y réfléchissant bien, la seule question que je me pose encore est « Pourquoi ça n’existe pas déjà ? »

Qu’en pensez-vous ? Y voyez-vous aussi un intérêt à ce que ce capital suisse devienne plus accessible afin que nos enfants puissent en tirer un bénéfice dès leur plus jeune âge ?

En Suisse, le plurilinguisme nous tend – selon moi – une main pour aller vers une meilleure connaissance de l’être humain. Par conséquent, un mieux-vivre ensemble. Je pense que dans chaque pays, il y a une main tendue qui n’attend que d’être saisie !!

LA SECONDE CHANCE

LA SECONDE CHANCE

Dans le cadre de ma démarche « L’art sauve des vies. Partout. Tout le temps. », je vous présente cette deuxième œuvre par le biais d’une vidéo + un article. La vedette est un poème, il s’agit d’un texte écrit par Johann Wolfgang Goethe : Der Erlkönig.

Ce texte a été très fort dans ma vie. Un éclairage. Un avancement vers la compréhension. Je l’ai découvert dans sa version italienne grâce à son adaptation pour l’album La Luna de Sara Brightman, paru en 2000. Le titre en italien est Figlio perduto. C’est une expression qui m’est très familière. Très populaire et répandue, je l’ai beaucoup entendue au sein de mon entourage. C’est certainement une expression plus courante dans le Sud de l’Italie que dans le Nord. Ces deux mots ensemble contiennent déjà un capital émotionnel très fort qui touche aux racines de mon existence et à la culture que j’ai côtoyée.

La pudeur de ce texte est sa force incroyable. Ces mots simples qui racontent cette histoire dramatique touchent tous les fonds de nos profondeurs. C’est un drame qui se déroule sur des mots purs et tendres, comme de la dentelle, par lesquels douleur, peur, colère, tristesse, angoisse et amour s’échappent au fur et à mesure. Je trouve beau et déroutant. C’est tellement rare de nos jours d’entendre parler des abus avec une telle pudeur.

Ce morceau, je l’ai écouté en boucle, en boucle, en boucle. Il me faisait un tel bien, au fond il touchait et soignait certainement quelque chose. Évidemment, l’interprétation et la voix de Sara Brightman sont majestueuses sur la sublime et pénétrante Simphonie nr7 de Ludwig van Beethoven, elles ne pouvaient que rendre cette œuvre totalement « audible » par mon histoire. Une rencontre parfaite !

A un moment donné, j’ai voulu creuser pour comprendre pourquoi elle avait un tel effet émotionnel et guérisseur. Dans la vidéo, j’explique mes réflexions sur ce texte grandiose.

Avec cet article, j’aimerais parler davantage du troisième point que je cite dans la vidéo, à savoir : cette expression « Figlio Perduto » qui peut s’adresser à chaque protagoniste de la tragédie, ce qui permet d’en faire des lectures sous des angles de vue différents. Un exercice très enrichissant !

La tragédie arrive lorsque les conditions sont réunies. Ce conte – très intelligent – parle de cet enfant perdu qui peut aussi être cet enfant intérieur que nous avons tous. Lorsque nous sommes déconnectés de cet enfant intérieur, nous ne sommes plus empêchés de « mal agir » ou de « faire le mal ». Autrement dit, en restant connectés avec cette partie de nous, nous augmentons les chances de bien agir et de faire des choix qui vont générer le plus de bien et le moins de mal possible.

A l’époque, vers l’an 2000-2001, quand l’album a été publié et qu’il a fait partie de ma collection, je faisais face à des situations nouvelles dans mon propre combat qui consistait à « me relever des abus ». Après sa sortie de prison, la personne qui s’est mal comportée à mon égard a commencé à agir de manière à gêner passablement, à nouveau, ma vie, mon quotidien. Je raconte ce récit au complet dans un travail en cours d’écriture actuellement. Mais pour cet article, je dirais tout simplement que ses agissements ont donné lieu à plusieurs interactions, y compris un face à face « officiel » en guise de justice restaurative ou libératrice ». Le déroulement de ces événements m’a imposé ou demandé d’approfondir, beaucoup, mes réflexions. Un peu comme l’heure de pointe dans mon esprit et ce, au moins jusqu’en 2005. Durant ces années, j’ai pu réellement voir ou apercevoir chez cette personne l’homme perdu, déchu, l’enfant perdu. Sans même jamais rencontrer cette personne. Je faisais une lecture des répercussions dans ma propre vie. Lorsque nous entamons un processus pour guérir d’un traumatisme, le but – selon moi et pour mon cas – n’a pas comme finalité, qu’un être humain se perde à ce point ou définitivement. La procédure judiciaire s’était déroulée de façon irréprochable et pourtant quelque chose restait non résolu, comme si la justice n’avait pas les moyens de tout gérer, de tout couvrir, de tout apporter. Je pense que la valeur manquante c’est à l’être humain de la fournir. Ce qui implique d’aller la chercher, la trouver, la comprendre, l’accepter. Cette séquence se passe dans le monde intérieur, loin du monde extérieur.

C’est libérateur de libérer.

Et peut-être même que la libération est la vraie condamnation. C’est ce qui va mettre l’humain dans les conditions de devoir poursuivre son chemin tout en portant sa croix, son acte, mais en s’engageant envers la vie à rester du bon côté, volontairement. Accorder – sincèrement – cette libération n’est une infime partie par rapport au défi que la personne doit relever. Le gros du travail lui appartient, évidemment. Moi, de mon côté, c’est au niveau de mes pensées que j’agis.

Libérer est un geste humain qui va rendre l’évolution accessible, pour en faire, un droit, un devoir.

C’est là où ce poème est très fort puisqu’il est dans ma vie à ce moment-là, quand mon histoire entame précisément ce chapitre. A force d’écouter ce morceau – doté d’un pouvoir transformateur – j’en arrive au point de me dire, mais pour quelle raison je n’accorderais pas la libération à cet homme afin qu’il puisse aller retrouver ce qu’il a manifestement perdu en lui ? Car ce n’est pas définitivement perdu. Donc la question n’est pas « pourquoi je le fais ? » mais bien « pourquoi je ne le ferais pas ? ».

Ce questionnement m’a clairement aidée à aller vers ce choix d’accorder cette « Seconde chance » et surtout de comprendre la valeur que cette seconde chance peut apporter à l’humanité.

Un autre bénéfice de cette démarche est qu’elle permet de quitter l’étiquette « victime » et « bourreau ». En effet, tant que l’on montre du doigt le bourreau, on montre du doigt la victime et le chemin de la reconstruction ne se fait pas. C’est évident que les routes se séparent définitivement, mais retrouver le statut « d’être humain », défini par sa capacité à être autant victime que bourreau, permet d’agir de façon responsable, libre et consciente pour réussir à se partager ce même monde, notre plus grand défi, en somme. Tant que nous restons dans la haine, la colère, nous en voulons à la vie de l’autre et pensons qu’il ne devrait pas exister ou exister autrement, ailleurs. Mais en lui rendant son accès à l’évolution, il sortira de ce sentiment « d’injustice » et il pourra davantage prendre conscience de sa responsabilité à l’égard de ses actes, de leurs conséquences et des répercussions dans la vie de l’autre.

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L’expression « seconde chance » est aussi très intéressante. A l’inverse, de « deuxième chance », qui annonce d’emblée qu’il y aura une troisième, « seconde chance », elle, affirme qu’elle est la dernière. Point final. Il n’y a pas de place pour une autre. Raison pour laquelle la fermeté va et doit aller de pair avec l’humanisme dans ce genre de situation : « Une seconde chance t’est donnée, tu n’as plus le droit à l’erreur. Si ça devait encore arriver, ça serait définitivement terminé, très certainement. En revanche, ce seul choix qui te reste de faire vivre ton autre face est ton droit, ton devoir. Ta contribution peut être précieuse pour ce monde, ne l’oublie pas. »

C’est précisément le sens que je donne à ma démarche. Au nom de quoi je devrais empêcher cette personne de pouvoir évoluer, devenir meilleure, faire vivre cette autre facette d’elle. ? Elle existe. C’est certain. Et pourquoi je devrais interdire ou bloquer cette évolution dans mes pensées ? Et si ce geste, qui habite tout simplement dans mon esprit déclenchait quelque chose de positif ? Qui me dit que cette personne ne fera pas du bien sur son chemin ? Elle sera peut-être au bon moment, au bon endroit pour empêcher une bagarre ou saura donner l’aide dont une personne aura besoin ?

Je souhaite souligner, et c’est très important pour moi, que je suis pour l’encadrement à vie lorsqu’il est nécessaire. Des gens irrécupérables ou qui présentent un réel danger en vivant libres dans la société font, c’est clair, aussi partie de notre civilisation et ils doivent pouvoir bénéficier d’un cadre adéquat. Sur ce point, seuls les experts peuvent statuer en menant leur précieux travail.

Cette « seconde chance » appartient à nous tous et elle contient ce cheminement individuel et/ou collectif qui pourrait aider à redéfinir certaines valeurs de cette humanité. Peut-être même que cette opportunité est là pour nous éclairer, attirer nos regards sur les vrais dysfonctionnements qui permettent les déviances et les dérapages au sein de cette civilisation. Un Homme se perd dans une société qui lui permet de se perdre.

Pour conclure, cette vision que je défends est ma façon de porter le panneau avec le nom de personnes ayant subi des abus, des violences, des injustices. Pour toutes ces personnes qui ne font plus partie du monde ici-bas, nous nous devons de mener un combat honnête et courageux en prenant conscience de nos responsabilités à l’égard des dysfonctionnements que nous créons afin d’y remédier, de les stopper, de les transformer, mettre notre expérience au service de l’avancement et de l’évolution.

« Ce monde est en permanence réversible. C’est sa façon de nous laisser le pouvoir d’en faire quelque chose de bien. »

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Sarah Brightman : https://youtu.be/24GCYlxMZWw
Texte en italien : https://www.azlyrics.com/lyrics/sarahbrightman/figlioperduto.html, par Chiara Ferrau & Michael Soltau
Texte en allemand : https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Roi_des_Aulnes_(po%C3%A8me), de Johann Wolfgang GOETHE

Mon hashtag à moi est #MeTooIStandUp

ON NE PEUT PAS AIDER A LIBÉRER LA PAROLE SANS DIRE AVANT TOUT « SE RELEVER, C’EST POSSIBLE »

Mon hashtag à moi est : #MeTooIGetUpIStandUp

A l’ère de tous ces hashtags qui prennent ou revendiquent le rôle de changer nos sociétés, je pense que beaucoup de gens continuent de s’en sortir loin de la vie virtuelle. Ces personnes ne sont donc pas à deux ou trois clics de nous mais plutôt à quelques pas. On donne le pouvoir aux clics et on ignore de quoi nos pas sont capables… Dangereuse cette technologie ! Ces êtres traversent la vraie vie, celle qui se déroule dans ce monde dont le grand défi reste celui de réussir à se le partager entre humains, de le rendre plus humain, plus juste, équitable et courageux. Donc prudence, car l’abus de clics pourrait nous faire passer à côté de gens que nos yeux ne parviendraient plus à voir ou à reconnaître, et surtout, passer à côté de nous-mêmes. Sacrée perte de sens !

J’ai mené mon combat à une autre époque : dépôt de plainte en 1996 en faisant le 117… le téléphone avait un fil, c’était sûrement le dernier. Chaque action que j’ai menée pour me rapprocher de la sortie de cette guerre avait un nom, un sens. Je connaissais à chaque instant la raison de toutes mes démarches, même si elles échouaient parfois ou n’apportaient pas le résultat escompté.

Nous voilà entrés dans une nouvelle ère. Je suis sûre que ces hashtags peuvent aider de façon passagère ou durable plein de personnes et c’est tant mieux. Je ne sais pas comment c’est vérifiable, par contre je sais parfaitement que même l’étape de la « dénonciation officielle » – ce que ne représente même pas un hashtag dans les réseaux sociaux – n’est de loin pas la case finale à atteindre.

Ce qui est également sûr, c’est qu’à un moment donné, le seul message qui comptera, restera, servira, le seul qui ne vous voudra que du bien est « se relever, c’est possible ». Une fois arrivé, ce message, on ne le laisse plus partir. C’est donc lui qui fait grandir et transforme l’humain et, par conséquent, ce monde. Alors pour l’adapter en « langage virtuel », mon hashtag à moi est :

#MeTooIGetUpIStandUp

#MeTooIStandUp.

BRÈVE INTRODUCTION DE MON PROPRE CHEMIN (court extrait d’un travail d’écriture en cours de finalisation pour un livre essai)

En tant que femme de bientôt 46 ans, mon combat a été mené à une autre époque, avec d’autres moyens. D’une certaine façon, il reste toujours une partie de moi, mon combat. Mon corps, mon esprit restent la maison, le territoire de ma guerre. Mais mon corps et mon esprit sont aussi des parties de moi dont j’ai un accès exclusif pour y instaurer la paix. Je n’ai jamais fréquenté de grands mouvements de foule et encore moins lorsqu’ils devenaient virtuels. Je ne voulais pas retrouver une foule, je voulais retrouver moi-même. Ce désir ne pouvait pas être plus clair à mes yeux. Il était en lettres majuscules, tout le temps, à l’aube comme au crépuscule, à l’aller, comme au retour.

Certainement que j’ai vécu l’époque qui me convenait le mieux pour mener ma propre guerre. Ma quête de compréhension est devenue toujours plus intime, solitaire mais n’a jamais perdu sa volonté, sa détermination. Certes, chemin faisant, on s’éloigne de certains milieux, ou de certaines personnes, parce que les affinités s’évanouissent ou les réalités n’ont plus rien à se dire. Mais quelle existence n’aurait pas son lot de souffrance ou de séparations à vivre ? J’avais un but et en moi, je ne faisais aucun compromis. Il s’appelait : être en paix, retrouver ma joie et mon humour, me sentir entière. Car la réalité, c’est que l’abus déclare la guerre, répand la haine et la colère et vous déchire en morceaux. Voilà à quoi ressemble l’allure d’un monde d’une personne abusée. Je me retrouvais donc dans un monde à renverser. Quand les abus débutent tôt dans la Vie, c’est difficile de savoir quoi d’autre existe. Je peux affirmer aujourd’hui que dans le fond, je savais que l’autre face existait déjà. Pour atteindre mon but, j’étais prête à tout, même payer cher, car intérieurement, ça s’apparente à des conditions de survie. Les personnes ayant été abusées connaissent ce sentiment de survie, tellement bien. Tant que nous nous endormons ou réveillons dans la haine, nous ne sommes pas dans l’entièreté de notre être.

Loup Chocolat est une inspiration à laquelle je dois tout, elle ma vie, elle est toute ma Vie, elle est une paix volontaire et possible. Loup Chocolat est un encouragement, à l’échelle individuelle ou collective, pour atteindre et faire vivre une dimension plus humaine de cette société. Une élévation, peu importe le point de départ. Même dans une tragédie, après la phase de révélation, la phase émotive, la phase judiciaire et toutes les autres, il faudra laisser accessible le chemin de l’évolution pour chaque être humain concerné, évidemment ne présentant aucun danger pour cette société. Si on ne le fait, on passe à côté de précieux éléments, ceux capables de nous conduire vers une compréhension, une case nécessaire et incontournable pour avancer et construire un monde plus juste et plus équilibré. L’évolution est une étape fondamentale en permanence pour lutter contre les abus, les déviances, les dérapages et augmenter ainsi constamment l’efficacité de tout ce qui fait en guise de prévention. Mettre l’évolution au service de la prévention.

La finalité sera toujours celle d’empêcher les nouveaux cas et de réussir à se partager ce même monde entre humains, tous imparfaits.

Loup Chocolat est un message universel, qui encourage un monde debout, ça s’adresse à « la foule » et ça passe désormais sans fil !! Voilà mon beau défi ! Comme quoi le temps a aussi passé, fil ou pas, il s’enfile partout : « « attrape-le si tu peux ».

Une ironie sympathique mon beau défi ! Vie solitaire, vie sociale… Une expérience au service de l’avancement de l’autre.

Comment agir ?

Les nouveaux cas seront empêchés par un monde debout, plus juste, plus courageux, plus humain, au quotidien et en priorité.

Je partage volontiers un point bien précis d’un échange que j’ai eu avec une journaliste de la RTS, il y a quasi une année. C’était après la Cérémonie des Césars et avant la date officielle de la première vague COVID-19…. Pendant une heure je lui raconte, avec entrain et enthousiasme, certains épisodes de ma vie qui ont concerné mon combat. Il s’agit de va et vient dans toutes ces dernières vingt-cinq années écoulées. En écoutant, elle répète qu’elle est impressionnée à plusieurs reprises. Je suis consciente que le sujet de l’abus donne envie de « justifier et renforcer » cette colère et haine collectives dans la société, mais moi, aujourd’hui, je dis : j’accepte mon histoire. Je l’ai comprise. Sur ce, elle répond : « vous ne pouvez pas dire ça ». Avant de clore la discussion, arrive le sujet le sujet Polanski et on évoque très brièvement Bertrand Cantat. Elle avait sa position sur le chanteur pensant qu’il ne devait peut-être plus se produire. Je n’avais pas le même avis, je l’avais déjà exprimé dans certains billets de mon blog. Je ne vois pas en quoi empêcher un concert rend ce monde meilleur. A mon sens, croire et faire croire que par l’action de manifester devant une salle de concert ou de cinéma fait de cette société une meilleure société est une grande hypocrisie. En effet, elle m’adresse cette phrase : « Polanski, lui, à la limite, qu’il fasse des films ». Nous sommes d’accord, tout le monde ne choisira pas d’aller écouter Bertrand Cantat et il n’y a rien de plus simple, dans ce monde, que de ne pas aller à un concert. Mais selon mes valeurs, l’Art et la Culture ainsi que la Nature sont deux axes indiscutables qui aident sincèrement les gens à se (re)diriger vers leur entièreté et c’est précisément ce qui peut aider à garder un monde plus sain. En aucun cas, il ne s’agit de soutenir le viol, la violence et les abus. Le dysfonctionnement de notre société se situe ailleurs que dans une salle de concert ou de cinéma où chacun choisit finalement d’y aller ou pas. Plutôt que de s’acharner sur des humains qui ne sont pas des fugitifs, il faudrait chercher partout où c’est possible des regards courageux qui transforment, embellissent et humanisent cette société.

En résumé, cette dame journaliste m’appelle parce qu’elle a su que j’avais eu un chapitre abus dans ma vie, je lui parle ouvertement et sincèrement pendant une heure, ensuite elle place son curseur dans ma vie, en disant que je ne peux pas accepter ce qui m’est arrivé, par contre Polanski peut faire des films (là il y a un sujet tout prêt, tout bon à lui proposer…je m’engage à l’écrire). Évidemment, je n’ai pas à prendre son curseur, je le lui rends d’ailleurs. Tout de même, ce propos je le ressens comme une insulte, car il me définirait comme quelqu’un qui ne pourrait et ne voudrait pas se relever. « L’acceptation » est un passage obligatoire pour pouvoir avancer. Cette insulte c’est aussi dire à ma fille qu’elle a une maman qui ne devrait pas accepter son histoire… Bref, je tenais à exprimer ce point de cet échange car je trouve qu’il est tellement représentatif et révélateur du mal-être, de l’incohérence et de l’hypocrisie de cette société.

Du coup, j’aurais quelques questions : Est-ce que la RTS propose une rente pour toutes ces personnes qui ne devraient « pas accepter » leur histoire, même lorsqu’il s’agit d’un abus ? Ou est-ce que les médias fournissent un certificat qui permettrait d’obtenir une rente auprès des institutions ? Est-ce que le bénéfice financier généré par des sujets qui se servent dans le malheur, dans la peine des autres est en partie redistribué pour faire vivre ces personnes ?

Si j’ai vécu un chapitre abus dans ma vie ce n’est surement pas « que » pour

  • Permettre à une journaliste de gagner sa vie,
  • Permettre à un politique ou à une célébrité de s’emparer de la problématique et de l’utiliser pour mener sa carrière,
  • Que je sois sur une liste de personnes gérée par une association afin que celle-ci obtiennent des subsides et renouvellement de subsides… (bien sûr, les associations peuvent être utiles…mais ce n’est jamais la force permanente de la vie de quelqu’un).

Mais dans tous ces cas, chacun gagne très bien sa vie. Mais que devient la mienne ? Comment la gagner ou la (re)gagner ?

Je pense que le sens est plus profond et qu’il faut aller là où on n’a pas l’habitude d’aller.

Ma façon de (re)gagner ma vie a été d’accepter mon histoire car c’est ainsi que j’accepte aussi ma force et ma liberté d’être au-dessus de ça. À partir de ce point, j’apporte une réelle contribution à la lutte contre les abus. C’est debout que ma force sera efficace, et pour mener ce combat, il en faut, de la force.

J’aime préciser que dans ma salle de bain, j’ai un produit pour prévenir le jaunissement de mes cheveux, j’ai une crème antirides (je vous assure tout le reste va bien…), mon vécu est devenu mon allié. Il m’accompagne en douceur et avec détermination. Je peux depuis n’importe quel lieu dialoguer ouvertement et sincèrement avec chacun des passages de ma vie. Ces moments-là nourrissent et font grandir ma paix.

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Mon message à toutes les personnes qui s’engagent dans cette traversée ou qui traversent en ce moment

« Je ne vous collerai pas l’étiquette de victime, même si vous avez le sentiment d’en avoir besoin, mais celle « d’humains pleins de ressources ». Chaque épreuve nous renvoie à nos ressources. Nos ressources sont proportionnelles à la taille de l’épreuve. Vous, debout, c’est la pire chose qui puisse arriver à l’abus, aux conditions qui lui permettent d’exister. Vous, debout, vous ôtez les moyens à l’abus de durer. Vous pouvez être les créateurs, les créatrices de son inconfort. C’est elle l’histoire à écrire et à laisser en héritage à nos enfants. Nous pouvons faire mieux que de créer des ashtags sous leurs yeux, nous pouvons vivre notre grandeur afin de régler, autant que possible, ce monde sur un meilleur équilibre. Attention aux éléments extérieurs créés par des vagues d’artifice, ils ne sont qu’éphémères et peuvent repartir aussi vite qu’ils sont arrivés. Ils n’ont pas pour but de mettre en avant votre vie. Seuls vous pouvez le faire en vous fiant à 100% à ce que vous ressentez. Il n’y a pas d’autre vérité que celle-ci. Sachez toujours pourquoi vous faites une démarche ou un pas dans une quelconque direction. Connaître cette raison, c’est avancer avec clarté. Soyez-en sûrs, loin de moi l’idée de minimiser ou d’insinuer qu’il n’y a rien de grave dans ce que vous avez vécu. Bien sûr, c’est grave. Bien sûr c’est une grande et insupportable injustice. Il se trouve que les ressources que vous détenez sont précisément ce dont ce monde a besoin pour avoir meilleure allure et pour mener le vrai combat. Contractez cette force, ce trésor qui est toujours intact, il est là, c’est certain. Vous relevez c’est accepter de retrouver votre essence. Et c’est ainsi que l’abus perdra du terrain jusqu’à disparaître. Je connais le désir de vengeance, l’envie que l’autre souffre. Mais j’ai aussi compris que cette vie devient toujours plus brève devant, plus longue derrière. Elle ne fait que respecter sa propre loi, nous ne pouvons pas lui en vouloir, nous ne pouvons que l’aimer. La case finale est votre plénitude et votre paix. Et ce n’est pas un hashtag qui vous y conduira, mais vos vrais pas dans la vie. Soignez le lien avec votre enfant intérieur, cette partie de vous est incapable de vous déserter, c’est tout simplement contre sa nature, contre sa raison d’être. Il n’y a pas un chemin mais mille pour y parvenir. Je pense, en revanche, que lorsqu’un raccourci se présente, nous nous devons de le prendre. Parce que c’est clair, c’est un clin d’œil de cet univers. Il nous appelle à nous relever.
Ne prenez rien de message si ce n’est pas le moment. Je comprends. Ne gaspiller pas d’énergie à m’en vouloir ou à ne pas être d’accord avec moi ou à ne pas m’aimer. Ma position est légitime, je partage tout simplement ce que la vie m’a inspiré généreusement.  

Je vous souhaite une pluie de clins d’œil sur votre chemin et de profiter du beau temps après la pluie. »

Portez-vous bien, soyez fiers de vous, vous portez déjà le monde 🙂

©Maria Grazia Paparone, (alias Grace) texte en partie extrait d’un travail d’écriture en cours.

« REVENIR À NOTRE RAISON D’ÊTRE FAIT APPEL À NOS FORCES. AUJOURD’HUI, C’EST LA SEULE ROUTE QUI NOUS RESTE. DONC, NOUS SOMMES FORTS ! »

« REVENIR À NOTRE RAISON D’ÊTRE FAIT APPEL À NOS FORCES. AUJOURD’HUI, C’EST LA SEULE ROUTE QUI NOUS RESTE. DONC, NOUS SOMMES FORTS ! »

Notre raison d’être est incapable de nous trahir, incapable de nous laisser tomber. C’est contre sa nature et cette nature est intouchable.

Les VRAIES RICHESSES d’une société sont l’envie, le courage, la créativité, les passions et la volonté de s’en sortir des gens qui la constituent. Ces valeurs-là « ne tombent pas du ciel, non plus ». Elles sont toutes singulières, il faut parfois aller les rechercher lorsque nous nous en éloignons. Elles ont toutes une histoire. Ce CAPITAL devient encore plus précieux par le fait qu’il est directement lié à nos enfants, il permet de leur montrer que, malgré tout, quelque chose de précieux peut être extrait de chaque humain tant que la Vie est là. Ce capital est notre allié depuis toujours.

Aujourd’hui « certains dirigeants » nous expliquent que pour préserver la santé du pays, il faudrait que les plus précaires acceptent de devenir encore un peu plus précaires, que ceux qui ont déjà payé, continuent de payer encore un peu… Que peut signifier un monde qui s’écroule pour un homme ou une femme à qui nous retirons les moyens d’exister ?

TRIER LES HUMAINS N’EST JAMAIS BON, NI DANS LES HÔPITAUX, NI EN DEHORS DES HÔPITAUX.

Si nous avons pu éviter le tri dans les hôpitaux jusqu’à présent, à l’extérieur de ceux-ci, il est déjà en place, depuis longtemps. C’est un art de le faire durer en prétendant qu’il n’existe pas. Les gens s’éteignent, meurent « seulement », masqués. De toute façon, peu importe, ce compteur est fermé. C’est un mépris quotidien de nos vraies richesses, ça impacte des familles, des enfants… Les dégâts sont profonds, le mal-être grandissant. C’est le chemin de la HONTE…

MAIS CELA NE PEUT PAS ÊTRE LA FIN, LA FIN NE PEUT PAS RESSEMBLER À CA ! Il y a mieux que ça et ça passe par « ACCEPTER NOTRE FORCE ET CE DONT ELLE EST CAPABLE ». Il est temps de diriger notre attention vers nos ressources respectives, peu importe le point de départ, cela est essentiel, prioritaire et vital.

« C’EST EN TRAVERSANT LA NUIT QUE NOUS VERRONS NAÎTRE LA CLARTÉ ET DE BRILLANTES IDÉES DANS NOS ESPRITS »

Depuis sa création, en 2005, Loup Chocolat mise sur le capital humain en lui accordant la place centrale dans la vision qu’il véhicule. Pionnier, original, humaniste et unique, il s’applique dans tout défi et environnement, son message est plus que jamais la réponse dont ce monde a besoin.

Si vous voulez faire « quelques pas » aérer votre univers, élargir vos possibles, créer des liens entre les différentes réalités, pour pouvoir à nouveau faire circuler les bons sentiments, les opportunités, respirer et faire vivre ce qu’il y a de plus merveilleux de la nature humaine, alors nous pouvons faire ce bout de chemin ensemble. Que vous soyez une entreprise, une institution ou un individu, mon aide, sous forme de réflexions, de sensibilité, d’écoute et de créativité, vous encouragera à vous diriger toujours plus vers votre grandeur grâce à de nouvelles idées et à de nouveaux possibles qui vont forcément et définitivement favoriser un meilleur équilibre, qui contribuera à construire et à maintenir un monde plus juste et équitable. C’est en plaçant au centre l’importance d’une « diversité humaine unie et fière » comme la formule unique et sûre pour une société debout que nous y arriverons !

©Loup Chocolat / by Maria Grazia PAPARONE

Un monde debout (Parce qu’il n’existe pas autrement !)

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Collaboration possible avec entreprises ou toutes autres organisations. Pour les personnes en individuel, j’applique le « pay what you can afford ». A votre service sans restriction géographique. Les « Walk with me » sont possibles à Zermatt ou ailleurs, je me déplace aussi pour des séjours. Maintenez le cap et à bientôt 😉

L’ART SAUVE DES VIES. PARTOUT. TOUT LE TEMPS.

OEUVRE #1

« L’art sauve des vies. Partout. Tout le temps. » est ma nouvelle démarche qui réunira une dizaine d’œuvres artistiques – principalement des films – dont le message que j’en ai tiré a été déterminant et à chaque fois, un vrai joyau qui a éclairé ma route et continue de le faire.

L’art est cet infini réseau routier sur lequel nous pouvons nous engager. Il nous raconte nos vies, nous éclaire et nous mène vers cette compréhension. Une étape clé qui nous munit de ce dont nous avons besoin pour avancer ou qui nous aide à laisser tomber ce dont nous n’avons plus nécessité. L’accès à l’art et à la culture est essentiel. Ne pas soutenir l’art revient à renier l’humanité.

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Pour chaque œuvre présentée, il y a une vidéo plus un article. Il n’y a pas d’ordre chronologique, c’est comme ça vient, comme je les retrouve.

Film #1

Il s’agit du film AMOUR, de Michael Haneke. Un film que j’ai vu – la première fois – dès sa sortie en Suisse, un film qui m’a bouleversée. Le couple d’acteurs – Jean-Louis Trintignant et Emmanuelle Riva – avec la participation d’Isabelle Huppert, est grandiose. Avec une délicatesse extrême et déterminée, ils vont donner une place au sentiment « amour » tout au long de cette tragédie.

Ce film m’a marquée et surtout m’a apporté une réponse que je cherchais à ce moment-là de ma vie. Une direction. Il y a plein de messages à extraire de ce film. Tout d’abord celui de l’amour qui n’a peur de rien. Ça beau être austère, douloureux, tragique, sombre… l’amour ne recule devant rien, il n’y a pas de passage qui soit trop étroit ou inaccessible à l’amour. L’amour est là, en nous, au milieu de la joie comme de la douleur, et ne demande qu’à être exprimé à chaque instant de notre existence. « Nous ne serons jamais épargnés des épreuves à traverser tout comme privés de l’amour pour y arriver. »

Le message de ce film qui me tient à cœur réside dans une réplique, en réalité. C’est elle qui m’a immédiatement décidée à acheter le dvd pour voir et revoir, écouter et encore. J’ai écrit parfois cette réplique dans mes cahiers, à la première page, pour y revenir à chaque fois que j’en ai envie.

Bien qu’elle soit simple et même naturelle, je n’arrivais pas à la trouver en moi. Ce film me l’a donnée.

Ce récit met à l’épreuve le sentiment d’amour en exposant une de ses facettes les plus douloureuses : accompagner l’être que nous aimons vers la fin, vers la sortie. La maladie s’installe dans le quotidien de ce couple octogénaire et c’est une vie, quasi, à trois qu’il faut réorganiser. Les habitudes ne sont plus les mêmes, les espaces et le temps sont employés autrement. L’amour va choisir, au milieu de cette nouvelle organisation, de garder sa place.

La réplique

C’est environ à 1h30 du film. A mon sens, c’est le point culminant du scénario, par rapport à ce qui se dit. C’est mon avis personnel. C’est lors d’un échange entre Jean-Louis Trintignant et sa fille Isabelle Huppert, un échange qui va très loin et qui a le pouvoir de remettre les choses à sa place. Chacun va exposer la souffrance de sa propre réalité et le dialogue conduira, pour finir, vers une espèce de soulagement. Voici l’extrait (environ 8 min dans le film, lien ci-dessous) :

  • Qu’est-ce qui passe avec maman ? Pourquoi tu ne décroches pas le téléphone ? Depuis notre dernière conversation, je t’ai laissé quatre messages sur le répondeur, pourquoi tu ne rappelles pas ?
  • Excuse-moi, je n’écoute pas les messages.
  • Tu ne peux pas te douter qu’on s’inquiète ?
  • Votre inquiétude ne me sert à rien. Non, ne le prends pas mal, ne le prends pas mal. Ce n’est pas une critique. Mais je n’ai pas le temps de m’occuper de votre inquiétude, voilà c’est tout.

  • Tu ne peux pas m’interdire de la voir.
  • Non…

  • J’ai été idiot de fermer la porte tout à l’heure. Excuse-moi, j’ai été pris au dépourvu. Je suis désolé

« Votre inquiétude ne me sert à rien. Je n’ai pas le temps de m’occuper de votre inquiétude. »

Comme je disais, selon moi, cette réplique est le point culminant du scénario. En exprimant cette phrase, Jean-Louis Trintignant protège son amour, sa sphère, avec clarté. Il indique ce qui compte pour lui et la manière dont il souhaite vivre cette phase de sa vie. Certes, cette réponse va blesser sa fille qui va légitimement revendiquer son droit de voir sa mère, également avec une détermination. Au bout de l’échange, il y a ce rééquilibrage, Jean-Louis Trintignant admet qu’il est allé trop loin, il est désolé et reconnaît le droit de sa fille, tout en préservant son intimité et ce qui lui appartient.

Certainement, cette réplique a la force de déclencher ce qui doit être vécu chez les deux protagonistes de la scène, avec sa dureté, cette déclaration va créer aussi beaucoup de bien en incluant et en prenant en considération toutes les réalités y compris le souhait d’Emmanuelle Riva de ne pas être vue dans son état. Ces mots sont durs et généreux à la fois car ils vont libérer l’autre en le déchargeant : sens-toi libre de ne pas t’inquiéter autant. C’est ton droit de ne pas t’inquiéter.

Pourquoi cette réplique m’a percutée ?

J’avais besoin d’entendre ça. Ça été l’ouverture d’un boulevard devant moi, pour ma conscience et pour continuer un chemin vers une paix intérieure. Elle est exprimée de façon élégante, saine et autoritaire. On ne peut pas ne pas comprendre cette phrase. On ne peut pas ne pas la respecter.

Elle m’a fait du bien en me soutenant dans mon combat, dans mon parcours. Se relever d’un abus exige à retrouver le sentiment « amour », sans ça, difficile de tenir. Les abus, en tant que sujet, malheureusement, trop tabou et trop peu débattu avec une réelle volonté de combattre ce mal, parviennent à éveiller beaucoup d’inquiétude – entre autres – chez l’entourage proche ou éloigné et dans la société en général. Souvent l’être humain pense qu’il rend service parce qu’il s’inquiète. Si en face, cette inquiétude est prise comme une limitation ou quelque chose envers laquelle il faudra être redevable, ça peut en réalité devenir un vrai obstacle ou un poids supplémentaire à porter au risque de passer à côté de qui on est.

Mon avis

Je pense qu’on devrait tous avoir cette réplique dans une poche car elle peut servir, dans la journée ou dans une vie. Quand on exprime une telle phrase parce qu’on veut protéger ce qui est « amour », parce qu’on veut vivre ce qui est «amour », alors elle peut déclencher la même envie chez l’autre, elle peut favoriser un meilleur équilibre et redonner la juste place aux sentiments de chacun. La juste place, ce n’est pas rien. C’est même beaucoup. Et c’est plutôt agréable comme sensation. Quand on la rencontre une fois, on ne peut plus ignorer qu’elle existe.

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C’était la réplique que je voulais partager. En dire plus, ça serait en dire trop. Tout le film est merveilleux. C’est joué avec une telle pureté. Un film à voir si ce n’est pas fait, parce qu’il donne une belle leçon d’amour. Il y a une société qui en a besoin de cette leçon… la nôtre.

Ce mot « amour », par rapport au contexte actuel de ce monde, de cette crise, et des inégalités qui durent depuis trop longtemps et qui sont davantage mis en lumière en cette période « covidienne », aurait à lui tout seul la force de tout régler, de tout rétablir, de tout rééquilibrer. Mais quelque chose l’empêche…

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Si le message de ce film vous a marqués, sentez-vous libres de partager votre ressenti, votre avis. Je serais très heureuse de le connaître. Pour ne pas manquer les autres vidéos de la démarche « L’art sauve des vies. Partout. Tout le temps. », abonnez-vous, tout simplement J Merci !!

Voici le lien vers la vidéo

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Le prochain film de ma liste est Forrest Gump et j’aurai une petite invitée. Elle a dernièrement vu cette toile et a envie de dire quelque chose. Elle se réjouit et moi aussi !

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Merci pour votre attention.

Portez-vous bien et à très bientôt.

Grace

Le chemin qui a mené à la création de Loup Chocolat

C’est moi qui lui dois… <3

J’ai eu la chance de rencontrer dernièrement Suzette Sandoz, professeur honoraire de droit. Nous avons discuté longuement et ça a donné un partage passionnant, humain et magique, une rencontre magnifique, digne de ce que la vie peut vous apporter de plus beau quand vous ne vous y attendez même pas/plus… Nous avons parlé des valeurs que cette société est peut-être sur le point de perdre (ou est-elle en train de se perdre elle-même ?), je garde espoir, je m’y accroche, ce genre de rencontre prouve que ça en vaut la peine.

Dans son article publié ce matin sur son blog, elle a réuni les éléments qui racontent en partie mon histoire, comment Loup Chocolat est né, son ambition, sa vision… sa route qui ne cesse d’être passionnante et emplie de valeurs humaines à affirmer et à défendre.

Nous avons tous un rôle à jouer. Que chacun lance son dé et sort de sa case… Un monde plus juste, plus équitable, plus humain, relève de notre propre jeu. Je lui retourne donc ce titre « d’être humain exceptionnel ».

Un grand MERCI à elle.

Lien vers l’article

https://blogs.letemps.ch/suzette-sandoz/2020/02/14/une-femme-exceptionnelle/?unapproved=2636&moderation-hash=f83715521a4782d7e62524cabe6f230d#comment-2636

Un reportage qui signe un échec misérable de la société

« ENQUETE EXCLUSIVE SUR LE CAS CANTAT », UN REPORTAGE QUI SIGNE UN ECHEC MISERABLE DE LA SOCIETE.

Ça m’a pris du temps pour rédiger cet article. Il y a une partie de cette société qui « tue » cette liberté d’expression, cette liberté d’être humain. Ces quelques jours m’ont été nécessaires pour m’avouer à nouveau que c’était mon droit de m’exprimer et que je n’avais rien à craindre à être humain. J’utilise volontairement ce verbe « tuer », qui va peut-être choquer dans ce contexte, mais faire de Vilnius un cas utile pour la prétendue lutte contre les violences conjugales, ou un cas qui nous auraient révélé je ne sais quelle clé de compréhension, un cas qui nous aurait appris que l’Homme peut dévier, déraper, péter un câble, tuer, n’est qu’une immense escroquerie et une grosse manipulation. C’est choisir de tirer profit de la peine des autres au détriment d’une évolution positive de l’humanité. Lorsque la société ou un pays détruit cette possibilité d’évolution, elle maintient et renforce une guerre, celle que nos enfants hériteront. C’est lâche.  

J’ai survolé ce documentaire, un lynchage médiatique, du voyeurisme, une vraie incitation à la haine envers une seule personne. Une intention collective et volontaire de détruire un être humain. Une organisation de la destruction… Je ne sais pas si une civilisation pourrait faire sciemment pire. Malgré la concentration de ces sentiments, ils ne m’ont pas atteinte. J’ai perçu ce document comme « un échec de notre société ». Une absence de vision humaniste, des propos qui – selon moi – ne servent pas beaucoup, voire pas du tout, la lutte contre les violences conjugales ou toute autre forme de dérapage humain. Je vais tenter d’expliquer pourquoi, en toute sincérité et sans haine.

En tant que femme, en tant que mère, je maintiens à 100% ma position pour le retour de Bertrand Cantat, pour son droit à exercer son métier d’artiste, pour que son œuvre puisse continuer dans la forme qu’il choisira de lui donner, pour son droit à repartir dans sa Vie et évoluer à travers elle, pour le droit de son public à profiter de son art. J’aimerais souligner que ce point de vue n’est pas toujours facile à partager en raison de l’attaque gratuite et systématique qui tend à culpabiliser les gens appréciant encore et toujours une valeur certaine chez Bertrand Cantat. Parfois, ce sentiment peut être très inconfortable jusqu’à se demander si on n’est pas en train de prendre un risque pour soi-même. Tout ça découle en partie de la non volonté de sortir de cette case « haine » de la part de certains médias. Cela dit, je sais qui je suis et je tiens à défendre cette place en précisant encore une fois qu’il est tout à fait possible d’aimer et d’encourager cet artiste tout en

  • Luttant contre les violences conjugales ou autres abus,
  • Comprenant et en respectant que certaines personnes n’adhèrent plus à sa valeur,
  • Exprimant la plus grande et sincère compassion à l’égard de toutes les personnes ayant été blessées de façon définitive par cette tragédie.

Chacun trouve sa place dans cette constellation que nous formons en fonction de son parcours de vie et de ses valeurs et c’est à partir de ce point que chacun peut apporter son unique contribution pour une meilleure humanité. C’est la beauté de notre diversité. Je serais très lâche et malhonnête envers ma propre Vie et ce qu’elle m’a enseigné si je me positionnais autrement juste par « commodité », pour être avec une majorité ou par crainte d’assumer mes convictions. C’est mon habitude de rester fidèle à moi-même.

Un artiste italien dit « ne crains jamais de rater un tir au but, ce n’est pas à partir d’une telle particularité que tu seras jugé, un vrai joueur, tu le reconnais à son courage, à son altruisme et à sa fantaisie ». L’artiste est Francesco de Gregori. Le foot est une magnifique métaphore, grâce à son langage universelle et populaire, pour parler de la Vie – ce temps de jeu qui nous est donné. Jouer en étant soi-même ET en sachant de quel côté est le but à atteindre…

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UNE VISION HUMANISTE

Personne n’est venu sur terre pour accomplir un parcours sans faute et nous appartenons tous à cette catégorie d’Êtres humains pouvant déraper à tout moment…

Créatrice de Loup Chocolat, l’idée de ce nom – sous forme de métaphore – est de prendre conscience des extrêmes qui définissent notre grandeur et à partir de là, (re)partir vers ce qu’il y a de mieux en nous à chaque fois que la Vie nous le propose ou l’impose afin d’apporter notre meilleure contribution à ce monde. Un monde en paix n’est rien d’autre qu’un ensemble d’êtres humains voulant la paix.

Bertrand Cantat a tout fait pour récupérer son droit à reprendre sa Vie là où elle était restée. Pouvoir faire face à ce qui reste devant nous en portant notre valise est un droit tout comme un devoir que je défends. Je pense que c’est en ouvrant volontairement l’espace à cette dimension, autant chez un être humain qu’au sein de la société, qu’une évolution nous attend. Une évolution belle et utile à laisser à nos enfants. La lumière que Bertrand Cantat a su attirer est une réponse à son talent. Il n’y a pas d’amour à jeter sur cette terre, l’amour entre cet artiste et son public était déjà une valeur avant et reste une valeur certaine aujourd’hui. Un besoin qui continue pour tout un monde qui l’admire, un monde légitime.

J’aime voir les choses sous cet angle de vue. La force d’une histoire humaine est qu’elle peut en impacter une autre, juste parce qu’elle est comme elle est, déclencher de bonnes choses et ainsi de suite… Au nom de quoi pourrions-nous stopper cette fluidité, le courant de nos vies ? Nous passerions à côté des plus belles et nécessaires choses à réaliser.

Humaniste mais pas laxiste
Je vois l’humanisme comme un mélange d’indulgence et de fermeté avec un encouragement à la paix et à vivre notre grandeur.

Dans l’idéal, chaque personne qui fait du mal doit payer. Or, nous savons que ce n’est pas le cas et que ceux qui payent, payent également pour d’autres et certains ne payeront jamais. Difficile de renverser cette tendance, alors ne pourrions-nous pas nous en servir et voir comment cela pourrait nous aider à grandir ?

La société est certainement un complice de tous nos dérapages en raison de tous ces sentiments difficiles que nous absorbons tous les jours et qui découlent des injustices, des inégalités, d’une mauvaise répartition des richesses et des opportunités… Un climat qui nous charge et surcharge constamment de révolte et qui peut activer ces zones de notre monde intérieur qui sont celles capables de toucher à l’extrême. Nous les avons tous ces zones. Et quand l’acte se passe, l’être humain est déconnecté de tout ce qu’il peut être d’autres que ce qu’il est à ce moment précis (quand l’acte n’est pas prémédité). En d’autres termes, le plus et le plus vite dans notre vie, nous prenons conscience des facettes, des polarités qui nous constituent, le plus nous serons à mêmes de faire les meilleurs choix pour nous-mêmes et pour notre entourage à tout moment.

Le Mal est en chacun de nous, et la valeur d’un homme se juge à la façon dont il défie ce mal.
David Gemmell

Tant que nous sommes en vie, cette phrase nous concerne.

Lorsque nous sommes face à un cas comme celui de Bertrand Cantat, qui, après le drame, a suivi une trajectoire incontestable sur le plan judiciaire et qui est un grand artiste avec une valeur certaine, nous sommes probablement face à un cas qui est là pour nous faire grandir. Et ça passe peut-être par un chemin que nous n’avons pas connu dans notre histoire jusqu’à présent. Lorsque j’entends : « nous n’avons jamais connu ça, jamais un criminel n’est remonté sur scène… », je me dis deux choses :

  • Ce n’est pas parce qu’on ne l’a pas connu avant qu’aujourd’hui ça ne serait pas, justement, une route qui pourrait nous faire évoluer,
  • Bertrand Cantat n’est pas juste un homme qui a commis un crime, Bertrand Cantat a apporté de la valeur et a fait du bien à des millions de personnes avec son talent et son inspiration, il est un homme engagé qui a toujours pris position contre les inégalités. Ensuite, il a dérapé, il est devenu auteur d’un crime, en effet, il a payé la facture que la justice a prononcé, il est aujourd’hui libre et toujours maître d’un art qui ne prône nullement la violence, bien au contraire… Et tout le paradoxe est là, c’est qu’il peut certainement apporter encore à son monde, son public, un bout de ce dont il a besoin, pour permettre à des milliers gens d’aller mieux. Voilà, qui il est.

Rester sans grandir face à cette situation serait vraiment dommage. Alors de mon point de vue, comme je pense que la société joue un rôle de complice dans tous les dérapages, je parle en général, peut-être ne devrait-elle pas arracher une tranche de cette erreur, parce que ça lui revient, et laisser à nouveau ce bout de ciel bleu au-dessus de Bertrand Cantat ? Ce bout de ciel bleu, qui n’a pas dit son dernier mot, lui appartient. Ce qu’il a à dire est certainement très précieux pour toute l’humanité. Évidemment, il n’y a plus de place pour un dérapage. Lorsque l’irréparable a été atteint, la deuxième chance se profile avec beaucoup de contraintes, et c’est normal. C’est là où prend place la fermeté. Mais ne pas donner vie à cette deuxième chance, c’est privé toute une époque de l’accès à une compréhension qui pourrait nous emmener bien plus loin de ce qu’on pense.

Chaque être humain est une valeur précieuse, la vivre est un droit fondamental jusqu’au bout, tout en portant sa valise.

UN DOCUMENTAIRE QUI APPAUVRIT LA SOCIÉTÉ

Je ne vais jamais dire que ce n’est rien ou pas grave ce qui s’est passé. Il faut toujours être deux pour que ça arrive. Chacun des protagonistes a joué son rôle, deux êtres émotifs, excessifs, flirtant avec certaines limites à cette époque-là de leur vie, probablement. Très aimés et adulés par leur public respectif, une tragédie qui a touché un nombre très élevé de cœurs et d’esprits. La vérité la plus intime leur appartient. La responsabilité « entière » de cette issue tragique incombe à Bertrand Cantat. C’est ce qu’il a déclaré, assumé, il a été jugé pour ça, a purgé la peine infligée en refusant toute dérogation. Une procédure incontestable sur le plan judiciaire. SI CHAQUE PERSONNE QUI FAISAIT DU MAL OU COMMETTAIT UNE ÉNORME BÊTISE SUIVAIT CETTE MÊME TRAJECTOIRE, LE MONDE SE PORTERAIT BEAUCOUP MIEUX. La cause de toute injustice ou de tout déséquilibre qui perdurent dans notre monde n’est pas au niveau des personnes qui ont payé, mais au niveau de ceux qui ne payent pas et/ou qui ne comptent pas arrêter de donner des coups. C’est par là, que devrait être dirigé l’objectif de la caméra…

Plusieurs éléments m’ont interpellée, déçue, parfois choquée dans ce reportage, je vais en « contre-attaquer » quelques-uns avec comme intentions mon désir et mon engagement de ne pas laisser juste passer ces tirs, si facilement, de m’exprimer en tant qu’être sensible et passionnée et de jouer en direction du but d’un monde meilleur.

ON COMPTE « LES ANNÉES DEPUIS VILNIUS » MAIS ON NE DONNE TOUJOURS PAS NAISSANCE AU VRAI COMBAT…

C’était dans l’énoncé de l’émission : « les violences faites aux femmes sont en constante augmentation, M6 a mené une enquête exclusive sur le cas Cantat… ». Est-ce une défaite que vous annoncez ? Je ne comprends pas le raisonnement qui pousse à revenir sur un cas qui date de seize ans et qui est passé dans les mains de la justice alors que le vrai problème est au niveau de tous ces cas qui « fuient » et restent insaisissables par l’institution judiciaire. On trouvera toujours plus d’horreur dans l’horreur. Ce n’est pas un défi en soi, rien de glorieux, c’est facile et ça ne mobilise en tout cas pas l’intelligence humaine. C’est juste une façon « efficace » pour ne pas se poser les bonnes questions, celles qui gênent et dont les réponses guideraient vers les vraies causes responsables des dérapages humains. Atteindre cette compréhension, c’est donner naissance au vrai et juste combat. Passer à côté, c’est afficher un manque de courage pour aller identifier et faire face à ce dénominateur commun aux déviances, un ingrédient servi chaque jour par la société. Cela revient à masquer lâchement la non efficacité de la prétendue lutte actuelle et d’y trouver « son compte » dans une telle action.

Ce n’est qu’une orientation tournée vers le profit et la perversité qui ont pu motiver la création et la diffusion d’un tel documentaire

Si vous voulez poursuivre dans cette direction, votre émission « scandaleuse et qui viole le principe du secret judiciaire » est déjà prête pour demain. On reprend les mêmes et on recommence…, dans un an, dans dix ans, dans cinquante ans… ça sera identique, ce qui a été « moche, malheureux et fatal » en 2003, le restera, en 2030, en 2050, en 2080…

Vilnius n’a pas apporté « la clé de lecture manquante » pour expliquer ou comprendre la problématique de la violence possible chez les êtres humains. Oui, l’Homme peut perdre son contrôle, l’Homme peut commettre l’irréparable et ce, depuis que le monde est monde. Ce soir-là, la mort a répondu « présent » pour un des deux, peut-être s’est-elle dit : « si je prends les deux, vous n’en tirerez pas une bonne leçon… »

Nos enfants sont le moteur

Qu’est-ce qu’on aimerait que nos enfants et petits-enfants racontent de nous dans cent ans par rapport à la lutte contre les violences faites aux femmes, les abus et à l’évolution de l’humanité ? Ne serait-il pas merveilleux de leur laisser un documentaire qui racontent comment la violence a été combattue en début de siècle grâce à l’activation d’une intelligence humaine ? Imaginer un tel documentaire peut donner quelques bonnes pistes à explorer…

Vous pouvez poursuivre comme but de mettre à terre Bertrand Cantat, peut-être allez-vous y arriver ? Je ne l’espère vraiment pas. Je me demande ce qu’indique votre « décenceomètre » ? Ce qui est certain, il n’y a aucune lutte efficace contre les violences conjugales en allant dans ce sens-là.

METTRE CE CAS SUR UN PODIUM DÉROULE LE TAPIS À TOUS CES CAS QUI NE FONT PAS DE BRUIT

La manière dont cette histoire tragique est sublimée en fait « la meilleure amie » de tous ces autres cas qui se déroulent sans gêner personne et bien sûr, sans représenter un intérêt quelconque pour les médias.

C’est un énorme dérapage, celui de faire du cas Trintignant-Cantat « le champion des cas » de violences conjugales. Il est peu utile puisqu’un certain nombre de paramètres étaient liés – à mon sens – à leur Vie de célébrités. La plupart des gens concernés par les violences conjugales n’ont pas accès à ce mode de vie. C’est encore une fois un luxe lâche de s’acharner sur ce cas – jugé depuis 15 ans –  car il laisse les autres dans un silence…mortel.

Alors quand j’entends Marlène Schiappa  – qui au passage, voir un membre d’un gouvernement participer dans un documentaire qui diffuse de la haine est tout à fait étonnant et inquiétant…-, ou Lio analyser les caractéristiques d’hommes et de femmes ayant été impliqués dans des conflits de violences conjugales, me donne l’impression que le problème est saisi du mauvais bout. Sans me positionner comme experte, mais quand même avec un certain parcours, je ne voudrais pas être décourageante ou rabat-joie, je crois qu’il va falloir compter autant de profiles, de caractéristiques que quasi de cas ou de situations, et que à chaque fois qu’il faudra faire correspondre un cas à un profile, un autre se sera créé et ainsi de suite… C’est une course sans fin, la diversité des situations n’a pas de limite et on ne peut pas maîtriser cet aspect-là. Sinon, on serait déjà capable de les empêcher ou du moins réduire leur nombre. La tendance est bien inversée. Par ailleurs, on entend souvent dans les témoignages, quels qu’ils soient : « jamais, j’aurais pu m’attendre à ça » « je ne pensais pas que ça pouvait aller jusqu’à là » etc. Mesdames, merci pour les caractéristiques, mais évidemment que c’est le côté sombre de l’être humain qui réalise dérapage. Oui, le côté sombre de Bertrand Cantat est sombre, mon côté sombre est sombre, le côté sombre de la société est sombre… Ne faudrait-il pas plutôt se poser la question de quels profils ou quelles caractéristiques d’un être humain pourraient gêner un dérapage ? Quel serait son pire ennemi ? Comment l’encourager ? De cette façon, on prendrait le problème par le fond.

J’ai entendu Maître Kiejman décrire Bertrand Cantat comme « un homme ordinaire au comportement monstrueux », alors je vous demande : connaissez-vous un cas de violence, fatale ou pas, au sein d’un couple qui s’est déroulé de façon « classe et non monstrueuse » ? Je me sens « horrible » lorsque j’écris cette question et je vous en veux de me procurer ce sentiment. Si vous connaissez un tel cas, je demande à voir le documentaire. Le pire dans tout ça, est que cela pourrait insinuer – c’est mon sentiment – qu’il y aurait eu une espèce de « tolérance » si le curseur sur l’échelle de monstruosité avait été juste à côté… Il y a là un message terrifiant – à mon sens – adressé à la société et à toutes les personnes qui dévient ou qui sont sur le point de dévier.

Le but n’est pas de classer un acte terrible sur une échelle de valeurs, ça ne servira pas la lutte, une fois de plus, mais de comprendre tout ce qui aurait pu l’empêcher.

Lorsque Raphaël Enthoven dit : « …elle avait 13 ans et 9 mois », sous-entendu, c’est plutôt 14 ans, à deux ans de la majorité sexuelle, ce n’est pas si grave que ça… Çà m’a choquée. Le philosophe Raphaël Enthoven est déjà dans le double-abus lorsqu’il évoque le cas de cette façon, car il minimise un ressenti auquel il n’a pas accès, ça ne lui appartient pas et ce n’est certainement pas à lui de définir ce que cette jeune femme a pu ressentir au moment des faits.

LE RETOUR DE BERTRAND CANTAT SUR SCÈNE : QUEL MESSAGE EST DONNE AUX BOURREAUX ?

Lorsque nous sommes dans le cas d’une personne qui a commis une faute, l’a reconnue, purgé la peine infligée, une fois libérée, c’est un droit de reprendre sa vie là où elle était restée. Que sa vie soit la scène, le garage, un bureau… Au nom de quoi la société devrait intervenir à ce sujet ?

En revanche, un autre point est beaucoup plus gênant. Lorsque nous continuons d’entendre le descriptif détaillé – variable en fonction de qui l’émet – sur le déroulement de la dispute, le nombre de coups etc. a directement un impact sur toutes les personnes étant peut-être sur le point de faire le pas pour sortir de leur souffrance. En sublimant le cas Vilnius, en le présentant avec « des chiffres », les femmes ou hommes qui cherchent à s’en sortir vont forcément être amener à se comparer, à comparer leur réalité, leur souffrance avec celle qu’ils peuvent lire dans les médias. Il n’y a rien de pire pour une personne prête à faire ce pas de se sortir de sa souffrance de l’amener à se dire : « est-ce que vraiment ma souffrance est légitime » ? « Ai-je raison de faire ça »?

Tant que le bourreau est pointé du doigt, la victime l’est aussi, deux étiquettes qui empêchent, autant l’une que l’autre, la résilience et la possibilité de se réapproprier sa propre Vie.

Il n’y a absolument aucune volonté de faire du bien ou de servir la lutte lorsqu’on avance certains propos, le seul but que vous atteignez et celui de maintenir et renforcer la haine envers un seul être humain.

C’est clair ! Contre les violences conjugales, le message devrait être : un coup est un coup de trop. Les enfants, on ne les touche pas. Les mineurs, on ne les drogue pas, on n’abuse pas d’eux/d’elles. Tous sont des déviances et dérapages très graves et le travail d’une société devrait être celui de comprendre la problématique de fond pour l’attaquer au bon niveau et réduire, voire éliminer le nombre de nouveaux cas.

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Alors oui, Bertrand Cantat a commis l’irréparable et il s’est rendu à la justice sans jamais vouloir la fuir. Libéré, ses droits les plus fondamentaux sont bloqués par une société qui prétend lutter contre les violences et expliquer la décence en écrasant cet homme. Son droit est de pouvoir cultiver autant que possible l’envers de ce dérapage dans son cœur, dans sa vie, en tant qu’homme-artiste ayant retrouvé sa liberté. Ce geste de 2003 n’a pas supprimé qui il était avant, un homme engagé, un homme talentueux, un homme qui a attiré la lumière. Évidemment que certaines personnes vont réfléchir en se disant que désormais il n’est plus que ce « geste » et ne vont plus adhérer à sa valeur et c’est tout à fait compréhensible, chacun est libre. Mais tout un monde est là pour encourager tout ce qu’il sait être de bien afin qu’il continue à le cultiver et à le donner, en allant le plus loin possible. C’est son droit le plus fondamental.

Il y a toujours de l’amour dans le monde de Bertrand Cantat, un amour entre lui et son public, et il n’existe aucun amour à jeter sur cette terre.

UNE CONCLUSION, UN PARADOXE

Une société qui veut défendre les droits humains, dont elle est fière et se porte garante, mais qui ne parvient toujours pas à trouver en elle cette dimension pour les respecter et les appliquer est une société qui préfère lâchement régresser plutôt que de faire face à sa possible grandeur.  

A l’autre bout du lynchage médiatique existe une société capable de souhaiter à ses membres – circulant libres – de « se faire aimer pour ce qu’ils ont de bien et mieux en eux. » C’est le seul chemin vers une meilleure humanité.

Nadine Trintignant crée un événement « Marquant(d) »

Nadine Trintignant crée l’événement « Marquant(d) » du 13.11.2019

L’interview de Nadine Trintignant dans laquelle elle annonce d’emblée être venue soutenir Roman Polanski a été autant inattendue que choquante, voire,  pas si surprenante que ça, finalement.

https://people.bfmtv.com/actualite-people/nadine-trintignant-soutient-roman-polanski-accuse-de-viol-ce-ne-serait-pas-roman-polanski-on-lui-ficherait-la-paix-1805113.html?fbclid=IwAR0ixm3nFI2N2axj-egVu8TghgRY6326hP9-1Mv4fDasWZntKmGEBcASmsw

Les féministes ont réussi à empêcher au moins une avant-première du nouveau film de Roman Polanski « J’accuse ». Une nouvelle plainte est venue se rajouter à l’encontre de ce grand metteur en scène : c’est une photographe, ex-mannequin, Valentine Monnier, qui dénonce un viol subi dans le chalet du cinéaste à Gstaad en 1975. Ce fait est totalement réfuté par l’avocat du réalisateur.

Nadine Trintignant crée l’événement « Marquant(d) » du 13.11.2019…

C’est le moins qu’on puisse dire… Elle n’a pas été blessée directement par Roman Polanski, et c’est ce qui la rend libre de pouvoir continuer à admirer la grande valeur de ce cinéaste, point de vue que je partage. Elle est si fière de le connaître, si admirative envers son travail et son parcours que la parole des femmes qui dénoncent le comportement violent dont il aurait été, manifestement, capable, il y a une quarantaine d’années, représente plus à ses yeux une « vraie fiction » qu’une vérité, à part le premier cas, qu’elle définit comme ayant été, certes, grave, mais désormais réglé. C’est un fait.

Roman Polanski n’a tué personne. Toutefois, lorsqu’une femme ou tout être humain reste enfermé dans sa souffrance, parce qu’il/elle ne trouve pas la sortie, ce sont des années de vie sans vie qui s’écoulent. La durée de ce combat peut parfois surprendre.

https://www.lci.fr/people/nadine-trintignant-defend-roman-polanski-on-devrait-le-remercier-d-avoir-fait-ce-film-2137596.html

Si nous retournons à l’envers les propos ou du moins la logique – qui permettent à Nadine Trintignant de soutenir le cinéaste, nous obtenons exactement les propos utilisés pour l’acharnement qui dure, depuis 15 ans, contre Bertrand Cantat, en l’appelant à ne pas poursuivre son métier dans la lumière… en appelant à la CENSURE de son œuvre. Évidemment, Marie Trintignant n’est plus là, en raison d’une dispute violente avec le chanteur qui s’est très mal terminée et cette blessure n’a pas de limite, c’est sûr,

L’intervention de Nadine Trintignant valide à mon sens la théorie que je défends, celle des points de vue qui naissent – comme des enfants – de nos propres expériences, de nos tragédies comme de nos joies. Aucun être humain ne peut déclarer que la valeur d’un autre est définitivement « nulle » pour la vie qui (lui) reste. Cette même valeur – sous un autre regard, lui aussi, légitime – a la capacité d’être belle et utile pour des milliers d’autres personnes, encore. Au nom de quoi ce monde devrait se passer de telles contributions ?

Si on devait poursuivre un même but en tant que citoyens du monde, il devrait s’appeler « rendre cette humanité meilleure ». Et ça passe par encourager le meilleur de chacun. On a beaucoup entendu parler de « décence » et de « repentir » autour du cas Bertrand Cantat, à croire que d’un seul coup, ce monde était peuplé « d’experts en décence » ou « d’experts en marche à suivre du repentir ». Peut-être que si nous avons tous trouvé dans nos tiroirs un « décenceomètre » et une « marche à suivre du repentir », c’est que ces outils, certainement utiles, sont avant tout à utiliser pour soi-même. Francesco de Gregori, un artiste auteur-compositeur italien que j’apprécie, dit dans une de ses chansons : « ognuno è vittima ed assassino » (chacun de nous est une victime et un assassin), extrait d’un superbe texte Vai in Africa, Celestino.  J’adhère à cette façon de voir la vie. Les pires souffrances sont celles que nous traversons sur terre et nous en sommes les créateurs, nous les infligeons aux autres, les autres nous les infligent, nous nous les infligeons à nous-mêmes. Soyons honnêtes, soit nous prenons les deux étiquettes, soit nous refusons les deux. Mais laissons la place à l’évolution de l’être humain, il y a toujours un réglage à faire pour agir mieux, en faisant le plus de bien et le moins de mal possible. La prise de conscience de ce que nous pouvons être, en incluant les extrêmes qui nous définissent, nous rend la liberté et la responsabilité à l’égard de notre propre route et nous donne les moyens de faire face à nos défis. Ce n’est pas le rôle d’un être humain de retirer ces moyens-là à un autre. Cette prise de conscience doit rester un accès libre pour tout le monde.

La lutte contre les violences et les abus

C’est un combat dans lequel nous sommes tous impliqués et concernés. Ces déviances se trouvent dans tout ce qu’il y a de plus commun comme environnements : la famille, les relations humaines, le travail, les loisirs etc. Une des choses que nous pouvons faire pour contribuer positivement et durablement à l’éradication des violences et des abus, c’est de mettre en paix notre propre monde intérieur. C’est un accès exclusif qui nous est réservé, personne ne peut le faire à notre place… Le plus, il y a d’êtres humains en paix, le plus le monde est en paix. C’est une équation très simple qui nous donne le ticket pour ce grand voyage autour du monde des sentiments humains. Les artistes nous aident car ils sont des « guides de masse », ils éclairent, ils accompagnent.

Se positionner devant l’entrée d’une salle de spectacle ou d’un cinéma en soulevant des pancartes ne revient pas à lutter contre les violences. Ces personnes qui ont choisi de faire la queue pour aller découvrir une œuvre ou écouter un artiste ont toutes suivi un chemin : leur propre vie. Personne ne peut prétendre que ces gens-là ne se situent pas au bon endroit.  C’est une erreur (un auto-goal…) de penser qu’en allant culpabiliser ou tenter de dissuader ces spectateurs nous fasse avancer vers le bon but. Ils se sont situés face à un travail artistique porté par un Homme, un être humain imparfait qui a parfois montré de grandes failles dans le courant de sa vie. Ce paramètre a forcément été pris en compte dans leur choix d’être là.

De mon point de vue, pour lutter réellement, il faut aller rencontrer les raisons, les explications qui poussent à la déviance. En quoi la société y contribue ? Ouvrir un dialogue. Un rapprochement des extrêmes est ce qui permettra de chasser la crainte pour accéder à mieux se comprendre. Il n’y a pas d’avancement sans passer par la case « compréhension », d’abord.

Comme dans un Jeu de l’Oie, nous nous dirigeons tous vers ce bien-être, mais ce sont bel et bien des cases différentes pour chacun de nous qui nous construisent, qui nous font réfléchir, qui nous permettent d’explorer notre monde intérieur afin de devenir, toujours un peu plus, cet être entier et conscient.

Au final, le soutien de Nadine Trintignant à Roman Polanski n’est pas si surprenant ou marquant que ça. L’idée serait de pouvoir étendre cette logique au cas de Bertrand Cantat. Car oui, des milliers de personnes suivent le même raisonnement à l’égard de l’actualité qui l’entoure. Il y a plein de gens qui n’ont pas été blessés directement par cet homme et se disent : « s’il n’était pas une célébrité, on lui ficherait la paix »,  » il a un immense talent de musicien et on devrait le remercier pour son œuvre »… Une file d’attente est debout, ce sont les personnes venues défendre le droit de Bertrand Cantat à reprendre son travail. C’est tout à fait compréhensible, Madame Trintignant, que vous ne soyez pas dans cette foule et que votre chemin vous guide vers un autre angle de vue. En revanche, ne croyez pas, que vous allez trouver dans le public de Bertrand Cantat, des femmes et des hommes sans coeur ou insensibles au combat pour un monde avec plus de justice et sans violence. Bien au contraire.

Pour conclure, il ne serait certainement pas étonnant du tout que les personnes en train de découvrir, ces jours, le film « J’accuse » soient en partie les personnes prêtes à « racheter ou acheter » un billet pour le spectacle « Paz ».  

Il reprend son travail là où il l’a laissé, c’est son droit le plus fondamental…

Au nom de quoi pouvons-nous empêcher un être humain de faire sa part de bien pour ce monde ? Quel être humain sur terre peut dire que la valeur d’un autre ne compte plus ? Certaines peuvent ne plus adhérer à la valeur d’une personne, et je comprends ça. Mais cette même valeur, vue sous un autre angle, continue d’être utile pour le monde.  

La face « pire » de Bertrand Cantat est consumée, réalisée, plus rien ne passerait ou ne serait admis. C’est clair. En revanche, il a bel et bien cette face qui sait faire beaucoup de bien à des millions de personnes et ce n’est pas à prouver. C’était déjà là, avant. Il reprend son travail là où il l’a laissé, c’est son droit le plus fondamental. C’est le seul moyen de cultiver, sans limite, l’inverse de ce dérapage dans son cœur, dans sa vie, sachant qu’il ne pourra jamais l’égaler dans les mêmes proportions. Nous sommes d’accord. Mais il peut aller le plus loin possible dans cette direction, pour son bien et celui de son entourage. Seule l’hypocrisie d’une société pourrait barrer cette route. Une société qui prétend œuvrer pour le bien alors qu’elle empêche le meilleur de ses membres et qui nourrit, par la même occasion, « haine, mépris et frustration », les sentiments déclencheurs de déviances.

Laisser Bertrand Cantat poursuivre sa route vers ce qu’il est de mieux lui permet de gérer sa souffrance tout en faisant autant de bien que possible, à partir de « ici et maintenant ». Que demander d’autre à un être humain libre dans cette société ? Quel autre défi lui lancer ? C’est la valeur qu’il peut apporter à ce monde, cette valeur est précieuse. Cette face n’est pas condamnable et ne peut pas être condamnée. Au nom de quoi pouvons-nous empêcher un citoyen de faire sa part de bien pour ce monde ? Son métier d’artiste le met en lumière, certes, et je peux bien concevoir que cela crée un certain malaise. Libre à chacun de participer ou pas à son succès. Cette lumière est la réponse à son immense talent. Cette lumière, il la partage avec un public présent, heureux qui pourrait difficilement s’attendre à recevoir plus de la part de l’artiste qu’il aime. Au même temps, cette lumière agit un peu comme une « caméra de surveillance ». Tout le monde sait qui est Bertrand Cantat, tout le monde est au courant de sa « terrible et irréparable erreur ». Ceci rend définitivement chacun de nous libre et responsable de se situer face à son travail d’artiste. Chaque point de vue est légitime, et c’est juste ainsi. Toutefois, fermer la porte à l’expression de Bertrand Cantat ne va en aucun cas embellir ou donner meilleure allure à ce monde. Le grand danger, pour la société et les futures générations, c’est de faire croire qu’en agissant ainsi nous luttons réellement contre les violences et les abus en général. Sommes-nous sur cette voie ? J’en doute. La société devrait se poser des questions plus courageuses et honnêtes pour comprendre en quoi elle contribue à son propre dysfonctionnement – de façon volontaire ou involontaire – et idéalement, retirer sa contribution… Tant que cette prise de conscience n’a pas lieu complètement, nous continuons « d’applaudir » les parties prenantes qui rendent possible ce dysfonctionnement.

Tout autre citoyen qui aurait commis le même dérapage que Bertrand Cantat passerait de façon incognito dans la société. Nous pourrions également aimer, encourager, une de ces personnes, un jour ou l’autre, sans, par contre, tout connaître de sa vie. Bertrand Cantat n’est pas un fugitif et n’a jamais contesté ce qui lui a été demandé de payer. Sa vie est exposée. Qui peut à partir de là imposer une toute autre loi ou une extension de loi qui le condamnerait à rester dans un coin ? Son cas a été géré par la justice, contrairement à d’autres qui ne le seront jamais, il est libre de se reconstruire, de repartir dans sa vie, avec uniquement de bonnes intentions. S’il y a au sein de certains mouvements populaires la volonté sincère de rendre ce monde plus juste et plus équitable, en défendant de bonnes causes, alors « go » pour cette mission. S’acharner sur une seule personne – qui a purgé sa peine et qui ne plus faire de faux pas – c’est un luxe qu’on ne peut en réalité pas s’offrir. Le temps presse. Il y a un choix à faire.

Ne pas retirer les moyens à une personne afin que celle-ci puisse gérer sa souffrance et accorder une place à tout le bien qu’elle peut apporter est de toute évidence le seul chemin qui puisse rendre meilleure cette humanité. Une société qui ne parvient pas à trouver en elle cette dimension lui permettant de faire valoir ces qualités humaines est une société qui tue…lentement mais sûrement.  

Documentaire

Pétition

https://www.mesopinions.com/petition/art-culture/lettre-ouverte-franck-riester-ministre-culture/75032?fbclid=IwAR39dvSW0OlySZrqgFz-yCsmOdfC2_lthsxsaS5LoiFBY1tSTpp1m9flXM0

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