ON NE PEUT PAS AIDER A LIBÉRER LA PAROLE SANS DIRE AVANT TOUT « SE RELEVER, C’EST POSSIBLE »
Mon hashtag à moi est : #MeTooIGetUpIStandUp
A l’ère de tous ces hashtags qui prennent ou revendiquent le rôle de changer nos sociétés, je pense que beaucoup de gens continuent de s’en sortir loin de la vie virtuelle. Ces personnes ne sont donc pas à deux ou trois clics de nous mais plutôt à quelques pas. On donne le pouvoir aux clics et on ignore de quoi nos pas sont capables… Dangereuse cette technologie ! Ces êtres traversent la vraie vie, celle qui se déroule dans ce monde dont le grand défi reste celui de réussir à se le partager entre humains, de le rendre plus humain, plus juste, équitable et courageux. Donc prudence, car l’abus de clics pourrait nous faire passer à côté de gens que nos yeux ne parviendraient plus à voir ou à reconnaître, et surtout, passer à côté de nous-mêmes. Sacrée perte de sens !
J’ai mené mon combat à une autre époque : dépôt de plainte en 1996 en faisant le 117… le téléphone avait un fil, c’était sûrement le dernier. Chaque action que j’ai menée pour me rapprocher de la sortie de cette guerre avait un nom, un sens. Je connaissais à chaque instant la raison de toutes mes démarches, même si elles échouaient parfois ou n’apportaient pas le résultat escompté.
Nous voilà entrés dans une nouvelle ère. Je suis sûre que ces hashtags peuvent aider de façon passagère ou durable plein de personnes et c’est tant mieux. Je ne sais pas comment c’est vérifiable, par contre je sais parfaitement que même l’étape de la « dénonciation officielle » – ce que ne représente même pas un hashtag dans les réseaux sociaux – n’est de loin pas la case finale à atteindre.
Ce qui est également sûr, c’est qu’à un moment donné, le seul message qui comptera, restera, servira, le seul qui ne vous voudra que du bien est « se relever, c’est possible ». Une fois arrivé, ce message, on ne le laisse plus partir. C’est donc lui qui fait grandir et transforme l’humain et, par conséquent, ce monde. Alors pour l’adapter en « langage virtuel », mon hashtag à moi est :
#MeTooIGetUpIStandUp
#MeTooIStandUp.
BRÈVE INTRODUCTION DE MON PROPRE CHEMIN (court extrait d’un travail d’écriture en cours de finalisation pour un livre essai)
En tant que femme de bientôt 46 ans, mon combat a été mené à une autre époque, avec d’autres moyens. D’une certaine façon, il reste toujours une partie de moi, mon combat. Mon corps, mon esprit restent la maison, le territoire de ma guerre. Mais mon corps et mon esprit sont aussi des parties de moi dont j’ai un accès exclusif pour y instaurer la paix. Je n’ai jamais fréquenté de grands mouvements de foule et encore moins lorsqu’ils devenaient virtuels. Je ne voulais pas retrouver une foule, je voulais retrouver moi-même. Ce désir ne pouvait pas être plus clair à mes yeux. Il était en lettres majuscules, tout le temps, à l’aube comme au crépuscule, à l’aller, comme au retour.
Certainement que j’ai vécu l’époque qui me convenait le mieux pour mener ma propre guerre. Ma quête de compréhension est devenue toujours plus intime, solitaire mais n’a jamais perdu sa volonté, sa détermination. Certes, chemin faisant, on s’éloigne de certains milieux, ou de certaines personnes, parce que les affinités s’évanouissent ou les réalités n’ont plus rien à se dire. Mais quelle existence n’aurait pas son lot de souffrance ou de séparations à vivre ? J’avais un but et en moi, je ne faisais aucun compromis. Il s’appelait : être en paix, retrouver ma joie et mon humour, me sentir entière. Car la réalité, c’est que l’abus déclare la guerre, répand la haine et la colère et vous déchire en morceaux. Voilà à quoi ressemble l’allure d’un monde d’une personne abusée. Je me retrouvais donc dans un monde à renverser. Quand les abus débutent tôt dans la Vie, c’est difficile de savoir quoi d’autre existe. Je peux affirmer aujourd’hui que dans le fond, je savais que l’autre face existait déjà. Pour atteindre mon but, j’étais prête à tout, même payer cher, car intérieurement, ça s’apparente à des conditions de survie. Les personnes ayant été abusées connaissent ce sentiment de survie, tellement bien. Tant que nous nous endormons ou réveillons dans la haine, nous ne sommes pas dans l’entièreté de notre être.
Loup Chocolat est une inspiration à laquelle je dois tout, elle ma vie, elle est toute ma Vie, elle est une paix volontaire et possible. Loup Chocolat est un encouragement, à l’échelle individuelle ou collective, pour atteindre et faire vivre une dimension plus humaine de cette société. Une élévation, peu importe le point de départ. Même dans une tragédie, après la phase de révélation, la phase émotive, la phase judiciaire et toutes les autres, il faudra laisser accessible le chemin de l’évolution pour chaque être humain concerné, évidemment ne présentant aucun danger pour cette société. Si on ne le fait, on passe à côté de précieux éléments, ceux capables de nous conduire vers une compréhension, une case nécessaire et incontournable pour avancer et construire un monde plus juste et plus équilibré. L’évolution est une étape fondamentale en permanence pour lutter contre les abus, les déviances, les dérapages et augmenter ainsi constamment l’efficacité de tout ce qui fait en guise de prévention. Mettre l’évolution au service de la prévention.
La finalité sera toujours celle d’empêcher les nouveaux cas et de réussir à se partager ce même monde entre humains, tous imparfaits.
Loup Chocolat est un message universel, qui encourage un monde debout, ça s’adresse à « la foule » et ça passe désormais sans fil !! Voilà mon beau défi ! Comme quoi le temps a aussi passé, fil ou pas, il s’enfile partout : « « attrape-le si tu peux ».
Une ironie sympathique mon beau défi ! Vie solitaire, vie sociale… Une expérience au service de l’avancement de l’autre.
Comment agir ?
Les nouveaux cas seront empêchés par un monde debout, plus juste, plus courageux, plus humain, au quotidien et en priorité.
Je partage volontiers un point bien précis d’un échange que j’ai eu avec une journaliste de la RTS, il y a quasi une année. C’était après la Cérémonie des Césars et avant la date officielle de la première vague COVID-19…. Pendant une heure je lui raconte, avec entrain et enthousiasme, certains épisodes de ma vie qui ont concerné mon combat. Il s’agit de va et vient dans toutes ces dernières vingt-cinq années écoulées. En écoutant, elle répète qu’elle est impressionnée à plusieurs reprises. Je suis consciente que le sujet de l’abus donne envie de « justifier et renforcer » cette colère et haine collectives dans la société, mais moi, aujourd’hui, je dis : j’accepte mon histoire. Je l’ai comprise. Sur ce, elle répond : « vous ne pouvez pas dire ça ». Avant de clore la discussion, arrive le sujet le sujet Polanski et on évoque très brièvement Bertrand Cantat. Elle avait sa position sur le chanteur pensant qu’il ne devait peut-être plus se produire. Je n’avais pas le même avis, je l’avais déjà exprimé dans certains billets de mon blog. Je ne vois pas en quoi empêcher un concert rend ce monde meilleur. A mon sens, croire et faire croire que par l’action de manifester devant une salle de concert ou de cinéma fait de cette société une meilleure société est une grande hypocrisie. En effet, elle m’adresse cette phrase : « Polanski, lui, à la limite, qu’il fasse des films ». Nous sommes d’accord, tout le monde ne choisira pas d’aller écouter Bertrand Cantat et il n’y a rien de plus simple, dans ce monde, que de ne pas aller à un concert. Mais selon mes valeurs, l’Art et la Culture ainsi que la Nature sont deux axes indiscutables qui aident sincèrement les gens à se (re)diriger vers leur entièreté et c’est précisément ce qui peut aider à garder un monde plus sain. En aucun cas, il ne s’agit de soutenir le viol, la violence et les abus. Le dysfonctionnement de notre société se situe ailleurs que dans une salle de concert ou de cinéma où chacun choisit finalement d’y aller ou pas. Plutôt que de s’acharner sur des humains qui ne sont pas des fugitifs, il faudrait chercher partout où c’est possible des regards courageux qui transforment, embellissent et humanisent cette société.
En résumé, cette dame journaliste m’appelle parce qu’elle a su que j’avais eu un chapitre abus dans ma vie, je lui parle ouvertement et sincèrement pendant une heure, ensuite elle place son curseur dans ma vie, en disant que je ne peux pas accepter ce qui m’est arrivé, par contre Polanski peut faire des films (là il y a un sujet tout prêt, tout bon à lui proposer…je m’engage à l’écrire). Évidemment, je n’ai pas à prendre son curseur, je le lui rends d’ailleurs. Tout de même, ce propos je le ressens comme une insulte, car il me définirait comme quelqu’un qui ne pourrait et ne voudrait pas se relever. « L’acceptation » est un passage obligatoire pour pouvoir avancer. Cette insulte c’est aussi dire à ma fille qu’elle a une maman qui ne devrait pas accepter son histoire… Bref, je tenais à exprimer ce point de cet échange car je trouve qu’il est tellement représentatif et révélateur du mal-être, de l’incohérence et de l’hypocrisie de cette société.
Du coup, j’aurais quelques questions : Est-ce que la RTS propose une rente pour toutes ces personnes qui ne devraient « pas accepter » leur histoire, même lorsqu’il s’agit d’un abus ? Ou est-ce que les médias fournissent un certificat qui permettrait d’obtenir une rente auprès des institutions ? Est-ce que le bénéfice financier généré par des sujets qui se servent dans le malheur, dans la peine des autres est en partie redistribué pour faire vivre ces personnes ?
Si j’ai vécu un chapitre abus dans ma vie ce n’est surement pas « que » pour
- Permettre à une journaliste de gagner sa vie,
- Permettre à un politique ou à une célébrité de s’emparer de la problématique et de l’utiliser pour mener sa carrière,
- Que je sois sur une liste de personnes gérée par une association afin que celle-ci obtiennent des subsides et renouvellement de subsides… (bien sûr, les associations peuvent être utiles…mais ce n’est jamais la force permanente de la vie de quelqu’un).
…
Mais dans tous ces cas, chacun gagne très bien sa vie. Mais que devient la mienne ? Comment la gagner ou la (re)gagner ?
Je pense que le sens est plus profond et qu’il faut aller là où on n’a pas l’habitude d’aller.
Ma façon de (re)gagner ma vie a été d’accepter mon histoire car c’est ainsi que j’accepte aussi ma force et ma liberté d’être au-dessus de ça. À partir de ce point, j’apporte une réelle contribution à la lutte contre les abus. C’est debout que ma force sera efficace, et pour mener ce combat, il en faut, de la force.
J’aime préciser que dans ma salle de bain, j’ai un produit pour prévenir le jaunissement de mes cheveux, j’ai une crème antirides (je vous assure tout le reste va bien…), mon vécu est devenu mon allié. Il m’accompagne en douceur et avec détermination. Je peux depuis n’importe quel lieu dialoguer ouvertement et sincèrement avec chacun des passages de ma vie. Ces moments-là nourrissent et font grandir ma paix.
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Mon message à toutes les personnes qui s’engagent dans cette traversée ou qui traversent en ce moment
« Je ne vous collerai pas l’étiquette de victime, même si vous avez le sentiment d’en avoir besoin, mais celle « d’humains pleins de ressources ». Chaque épreuve nous renvoie à nos ressources. Nos ressources sont proportionnelles à la taille de l’épreuve. Vous, debout, c’est la pire chose qui puisse arriver à l’abus, aux conditions qui lui permettent d’exister. Vous, debout, vous ôtez les moyens à l’abus de durer. Vous pouvez être les créateurs, les créatrices de son inconfort. C’est elle l’histoire à écrire et à laisser en héritage à nos enfants. Nous pouvons faire mieux que de créer des ashtags sous leurs yeux, nous pouvons vivre notre grandeur afin de régler, autant que possible, ce monde sur un meilleur équilibre. Attention aux éléments extérieurs créés par des vagues d’artifice, ils ne sont qu’éphémères et peuvent repartir aussi vite qu’ils sont arrivés. Ils n’ont pas pour but de mettre en avant votre vie. Seuls vous pouvez le faire en vous fiant à 100% à ce que vous ressentez. Il n’y a pas d’autre vérité que celle-ci. Sachez toujours pourquoi vous faites une démarche ou un pas dans une quelconque direction. Connaître cette raison, c’est avancer avec clarté. Soyez-en sûrs, loin de moi l’idée de minimiser ou d’insinuer qu’il n’y a rien de grave dans ce que vous avez vécu. Bien sûr, c’est grave. Bien sûr c’est une grande et insupportable injustice. Il se trouve que les ressources que vous détenez sont précisément ce dont ce monde a besoin pour avoir meilleure allure et pour mener le vrai combat. Contractez cette force, ce trésor qui est toujours intact, il est là, c’est certain. Vous relevez c’est accepter de retrouver votre essence. Et c’est ainsi que l’abus perdra du terrain jusqu’à disparaître. Je connais le désir de vengeance, l’envie que l’autre souffre. Mais j’ai aussi compris que cette vie devient toujours plus brève devant, plus longue derrière. Elle ne fait que respecter sa propre loi, nous ne pouvons pas lui en vouloir, nous ne pouvons que l’aimer. La case finale est votre plénitude et votre paix. Et ce n’est pas un hashtag qui vous y conduira, mais vos vrais pas dans la vie. Soignez le lien avec votre enfant intérieur, cette partie de vous est incapable de vous déserter, c’est tout simplement contre sa nature, contre sa raison d’être. Il n’y a pas un chemin mais mille pour y parvenir. Je pense, en revanche, que lorsqu’un raccourci se présente, nous nous devons de le prendre. Parce que c’est clair, c’est un clin d’œil de cet univers. Il nous appelle à nous relever.
Ne prenez rien de message si ce n’est pas le moment. Je comprends. Ne gaspiller pas d’énergie à m’en vouloir ou à ne pas être d’accord avec moi ou à ne pas m’aimer. Ma position est légitime, je partage tout simplement ce que la vie m’a inspiré généreusement.
Je vous souhaite une pluie de clins d’œil sur votre chemin et de profiter du beau temps après la pluie. »
Portez-vous bien, soyez fiers de vous, vous portez déjà le monde 🙂
©Maria Grazia Paparone, (alias Grace) texte en partie extrait d’un travail d’écriture en cours.