En Suisse, le plurilinguisme nous tend une main vers une meilleure cohésion sociale

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En Suisse, le plurilinguisme nous tend une main vers une meilleure cohésion sociale et une meilleure connaissance de l’être humain

JE PARTAGE AVEC PLAISIR UNE EXPÉRIENCE DEVENUE UNE SOURCE D’INSPIRATION…

L’autre jour, ma fille, tranquille, me dit :

  • Maman, aujourd’hui, j’ai fait ma première dictée en allemand…
  • Ah bon, tu savais que tu devais la faire ?
    Non, la maîtresse m’a demandé si je voulais essayer, j’ai dit, Warum nicht…

Vivant actuellement à Zermatt, ma fille (9 ans) est dans une école germanophone depuis le début de l’année scolaire. Elle avait zéro connaissance à ce moment-là…

Sa phase « boule au ventre » en allant à l’école est loin derrière. Aujourd’hui, le souvenir de ce camarade qui lui dit pour la première fois « Du machst gut » est ancré dans sa mémoire, elle prend aussi plaisir à corriger ma prononciation… )) Elle n’oubliera probablement jamais cette première dictée en allemand qui ne s’est pas mal passée du tout, bref, plein de signes positifs émergent et ils sont tous bienvenus et tellement précieux.

Nous sommes au tiers du deuxième semestre, l’assurance, l’aplomb, la fierté d’une évolution ont pris la place de la crainte ou la peur de ne pas comprendre, de ne pas y arriver.

Je salue encore une fois l’évolution de l’école qui propose des solutions qui portent leurs fruits à l’égard des élèves allophones. Il est évident que l’envie de participer, la curiosité, le plaisir d’apprendre, avoir des objectifs, un environnement familial et social (de préférence) encourageants représentent également des conditions ciné qua non pour permettre à l’enfant de relever son défi et/ou de vivre au moins une bonne expérience.

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Ce vécu devient une vraie source d’inspiration. Une inspiration qui me ramène à cette grande valeur de la Suisse, à savoir, son multilinguisme. Selon mes propres souvenirs – peut-être que les gens de ma génération seront d’accord avec moi – l’arrivée de l’allemand dans le programme scolaire romand n’était pas présenté comme une richesse du pays mais plutôt le « fardeau », « bonjour les soupirs, les moments difficiles »… 🙂 Pourtant, si ce multilinguisme est bel et bien une richesse, ce n’est certainement pas par hasard, il cache peut-être effectivement un trésor qui pourrait servir le bien-être et la cohésion sociale.

La liste des bienfaits est longue, très longue… En voici quelques uns, ceux auxquels j’ai pensé en premier :

POUR QUAND UNE ÉCOLE PRIMAIRE BILINGUE PARTOUT EN SUISSE, DES LE DÉPART ?

L’ESTIME DE SOI
L’estime de soi est une chose fragile, subtile qu’il faut penser à protéger dès le commencement de cette existence. Renforcer la confiance en soi, apprécier le goût de l’effort, développer la capacité à s’adapter, trouver en soi ce courage pour s’exprimer, pour se lancer, se jeter à l’eau comme on dit, faire entendre sa voix, viennent solidifier ce pilier important, un vrai allié lorsqu’il s’agit de maintenir un équilibre personnel. Une école primaire bilingue contribuerait sans aucun doute à aller vers cette direction.

L’OUVERTURE DU MONDE ÉMOTIONNEL ET DÉVELOPPEMENT DES APTITUDES SOCIALES
Faire de l’ouverture aux autres cultures une normalité quotidiennes, un simple geste. C’est un art qui prend racine et se cultive dans le monde intérieur, là où précisément poussent les plus belles récoltes d’une vie humaine.

UN DÉFI QUI SCULPTE ET RESTE UNE FORCE POUR L’AVENIR
On se souvient de ce qui a été surmonté en tant qu’enfant, d’un désespoir que nous avons transformé. Comment on arrive d’une note suffisante à une bonne. L’expérimenter une fois signifie savoir que le chemin existe. On peut y revenir à chaque fois que c’est nécessaire.

C’EST AIMER CE PAYS, SON PLURILINGUISME, LE PORTER AVEC FIERTÉ
Cette richesse ne peut se garder et accroître sa valeur que si elle est véhiculée naturellement par les gens qui habitent ce pays. L’image de la Suisse valorisée, d’abord, de l’intérieur. « Une présence suisse en Suisse. »

LA PAIX, L’ALTRUISME, CE QUI N’EST PAS RIEN EN TERMES DE VALEURS AJOUTÉES…
Utiliser nos moyens pour parvenir à la compréhension lors de tout échange, c’est chercher la paix sociale, la reconnaissance de l’autre. La paix, l’altruisme conscient et constructif,seraient les grands gagnants du jeu! Je trouverais très rassurant pour un pays de se dire que cet « encouragement » devient une branche scolaire, égale à une autre.

La liste peut s’allonger encore…

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« ÉGALITÉ, UN MOT MAÎTRE, UN CHEF DE FILE »

On parle beaucoup d’égalité (diversité, inclusion etc), c’est un gros titre tous les jours dans les médias, les réseaux, les entreprises… J’aurais assez envie de lui donner une place à l’école afin de le mettre en lien avec les « branches enseignées ».

« JE SUIS PERSONNELLEMENT POUR L’ÉGALITÉ DES BRANCHES A L’ÉCOLE. PEUT-ÊTRE QUE CERTAINES MÉRITENT D’ÊTRE RECONNUES ET OFFICIALISÉES. JE PENSE QUE LA CONNAISSANCE DE L’ÊTRE HUMAIN EST TOUT AUSSI IMPORTANTE QUE L’APPRENTISSAGE DES MATHÉMATIQUES. LES LANGUES SONT ET RESTENT UNE JOLIE CLÉ DE LECTURE POUR DÉCOUVRIR QUI NOUS SOMMES. »

L’école représente un bon tiers de la vie durant au moins 12, 15 ou 20 ans de notre existence. Et parfois même plus. Redéfinir certaines priorité quant à l’utilisation de ce temps constituerait une belle piste de réflexion. Ne faudrait-il pas profiter de cet âge durant lequel la facilité à assimiler est comme une pierre précieuse que nous tenons dans notre main ?

Les langues permettent de découvrir des textes, des lectures, des poèmes, des jeux, des nouvelles passions, des hommes et des femmes qui sont passés par-là avant nous. Dans quel pays si pas en Suisse, ne devrions-nous pas opter pour des écoles primaires bilingues dès le départ ? Imaginez…

  • Choisir deux langues parmi les trois principales…,
  • Favoriser des échanges d’au moins une année scolaire —> – faire volontairement l’expérience d’être un élève allophone,
  • L’intégrer dans une démarche artistique, sportive etc

    Des idées de formules ne manqueraient pas… Et puis, il y a déjà des lieux parfaitement bilingues, je pense à Bienne notamment, ça existe, c’est possible…

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MAIS QUI SERAIENT LES PERDANTS DANS TOUT ÇA ?
Les perdants – ou ceux qui perdraient du terrain – sont la violence, la haine, les mauvaises intentions, les frustrations, l’isolement, l’exclusion, les déviances, les dérapages, les rixes entre jeunes… Il ne s’agit pas d’ignorer tous ces aspects de ce monde ou de jouer aux anges, justement pas, le pire et le mal resteront toujours une des facettes de notre civilisation. Mais en encourageant les possibilités inverses, ça permettrait à des êtres en devenir de se sentir capables, libres et responsables de choisir ces autres moyens d’expression, ces autres voies : une voie constructive, une voie évolutive pour eux-mêmes et pour la société. La meilleure des raisons pour favoriser cette prise de conscience est que ce sont ces mêmes êtres humains qui guideront le monde, tout soudain. Une telle « transformation » pourrait constituer un sacré gain à mettre dans tous ces bagages.

En y réfléchissant bien, la seule question que je me pose encore est « Pourquoi ça n’existe pas déjà ? »

Qu’en pensez-vous ? Y voyez-vous aussi un intérêt à ce que ce capital suisse devienne plus accessible afin que nos enfants puissent en tirer un bénéfice dès leur plus jeune âge ?

En Suisse, le plurilinguisme nous tend – selon moi – une main pour aller vers une meilleure connaissance de l’être humain. Par conséquent, un mieux-vivre ensemble. Je pense que dans chaque pays, il y a une main tendue qui n’attend que d’être saisie !!

LA SECONDE CHANCE

LA SECONDE CHANCE

Dans le cadre de ma démarche « L’art sauve des vies. Partout. Tout le temps. », je vous présente cette deuxième œuvre par le biais d’une vidéo + un article. La vedette est un poème, il s’agit d’un texte écrit par Johann Wolfgang Goethe : Der Erlkönig.

Ce texte a été très fort dans ma vie. Un éclairage. Un avancement vers la compréhension. Je l’ai découvert dans sa version italienne grâce à son adaptation pour l’album La Luna de Sara Brightman, paru en 2000. Le titre en italien est Figlio perduto. C’est une expression qui m’est très familière. Très populaire et répandue, je l’ai beaucoup entendue au sein de mon entourage. C’est certainement une expression plus courante dans le Sud de l’Italie que dans le Nord. Ces deux mots ensemble contiennent déjà un capital émotionnel très fort qui touche aux racines de mon existence et à la culture que j’ai côtoyée.

La pudeur de ce texte est sa force incroyable. Ces mots simples qui racontent cette histoire dramatique touchent tous les fonds de nos profondeurs. C’est un drame qui se déroule sur des mots purs et tendres, comme de la dentelle, par lesquels douleur, peur, colère, tristesse, angoisse et amour s’échappent au fur et à mesure. Je trouve beau et déroutant. C’est tellement rare de nos jours d’entendre parler des abus avec une telle pudeur.

Ce morceau, je l’ai écouté en boucle, en boucle, en boucle. Il me faisait un tel bien, au fond il touchait et soignait certainement quelque chose. Évidemment, l’interprétation et la voix de Sara Brightman sont majestueuses sur la sublime et pénétrante Simphonie nr7 de Ludwig van Beethoven, elles ne pouvaient que rendre cette œuvre totalement « audible » par mon histoire. Une rencontre parfaite !

A un moment donné, j’ai voulu creuser pour comprendre pourquoi elle avait un tel effet émotionnel et guérisseur. Dans la vidéo, j’explique mes réflexions sur ce texte grandiose.

Avec cet article, j’aimerais parler davantage du troisième point que je cite dans la vidéo, à savoir : cette expression « Figlio Perduto » qui peut s’adresser à chaque protagoniste de la tragédie, ce qui permet d’en faire des lectures sous des angles de vue différents. Un exercice très enrichissant !

La tragédie arrive lorsque les conditions sont réunies. Ce conte – très intelligent – parle de cet enfant perdu qui peut aussi être cet enfant intérieur que nous avons tous. Lorsque nous sommes déconnectés de cet enfant intérieur, nous ne sommes plus empêchés de « mal agir » ou de « faire le mal ». Autrement dit, en restant connectés avec cette partie de nous, nous augmentons les chances de bien agir et de faire des choix qui vont générer le plus de bien et le moins de mal possible.

A l’époque, vers l’an 2000-2001, quand l’album a été publié et qu’il a fait partie de ma collection, je faisais face à des situations nouvelles dans mon propre combat qui consistait à « me relever des abus ». Après sa sortie de prison, la personne qui s’est mal comportée à mon égard a commencé à agir de manière à gêner passablement, à nouveau, ma vie, mon quotidien. Je raconte ce récit au complet dans un travail en cours d’écriture actuellement. Mais pour cet article, je dirais tout simplement que ses agissements ont donné lieu à plusieurs interactions, y compris un face à face « officiel » en guise de justice restaurative ou libératrice ». Le déroulement de ces événements m’a imposé ou demandé d’approfondir, beaucoup, mes réflexions. Un peu comme l’heure de pointe dans mon esprit et ce, au moins jusqu’en 2005. Durant ces années, j’ai pu réellement voir ou apercevoir chez cette personne l’homme perdu, déchu, l’enfant perdu. Sans même jamais rencontrer cette personne. Je faisais une lecture des répercussions dans ma propre vie. Lorsque nous entamons un processus pour guérir d’un traumatisme, le but – selon moi et pour mon cas – n’a pas comme finalité, qu’un être humain se perde à ce point ou définitivement. La procédure judiciaire s’était déroulée de façon irréprochable et pourtant quelque chose restait non résolu, comme si la justice n’avait pas les moyens de tout gérer, de tout couvrir, de tout apporter. Je pense que la valeur manquante c’est à l’être humain de la fournir. Ce qui implique d’aller la chercher, la trouver, la comprendre, l’accepter. Cette séquence se passe dans le monde intérieur, loin du monde extérieur.

C’est libérateur de libérer.

Et peut-être même que la libération est la vraie condamnation. C’est ce qui va mettre l’humain dans les conditions de devoir poursuivre son chemin tout en portant sa croix, son acte, mais en s’engageant envers la vie à rester du bon côté, volontairement. Accorder – sincèrement – cette libération n’est une infime partie par rapport au défi que la personne doit relever. Le gros du travail lui appartient, évidemment. Moi, de mon côté, c’est au niveau de mes pensées que j’agis.

Libérer est un geste humain qui va rendre l’évolution accessible, pour en faire, un droit, un devoir.

C’est là où ce poème est très fort puisqu’il est dans ma vie à ce moment-là, quand mon histoire entame précisément ce chapitre. A force d’écouter ce morceau – doté d’un pouvoir transformateur – j’en arrive au point de me dire, mais pour quelle raison je n’accorderais pas la libération à cet homme afin qu’il puisse aller retrouver ce qu’il a manifestement perdu en lui ? Car ce n’est pas définitivement perdu. Donc la question n’est pas « pourquoi je le fais ? » mais bien « pourquoi je ne le ferais pas ? ».

Ce questionnement m’a clairement aidée à aller vers ce choix d’accorder cette « Seconde chance » et surtout de comprendre la valeur que cette seconde chance peut apporter à l’humanité.

Un autre bénéfice de cette démarche est qu’elle permet de quitter l’étiquette « victime » et « bourreau ». En effet, tant que l’on montre du doigt le bourreau, on montre du doigt la victime et le chemin de la reconstruction ne se fait pas. C’est évident que les routes se séparent définitivement, mais retrouver le statut « d’être humain », défini par sa capacité à être autant victime que bourreau, permet d’agir de façon responsable, libre et consciente pour réussir à se partager ce même monde, notre plus grand défi, en somme. Tant que nous restons dans la haine, la colère, nous en voulons à la vie de l’autre et pensons qu’il ne devrait pas exister ou exister autrement, ailleurs. Mais en lui rendant son accès à l’évolution, il sortira de ce sentiment « d’injustice » et il pourra davantage prendre conscience de sa responsabilité à l’égard de ses actes, de leurs conséquences et des répercussions dans la vie de l’autre.

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L’expression « seconde chance » est aussi très intéressante. A l’inverse, de « deuxième chance », qui annonce d’emblée qu’il y aura une troisième, « seconde chance », elle, affirme qu’elle est la dernière. Point final. Il n’y a pas de place pour une autre. Raison pour laquelle la fermeté va et doit aller de pair avec l’humanisme dans ce genre de situation : « Une seconde chance t’est donnée, tu n’as plus le droit à l’erreur. Si ça devait encore arriver, ça serait définitivement terminé, très certainement. En revanche, ce seul choix qui te reste de faire vivre ton autre face est ton droit, ton devoir. Ta contribution peut être précieuse pour ce monde, ne l’oublie pas. »

C’est précisément le sens que je donne à ma démarche. Au nom de quoi je devrais empêcher cette personne de pouvoir évoluer, devenir meilleure, faire vivre cette autre facette d’elle. ? Elle existe. C’est certain. Et pourquoi je devrais interdire ou bloquer cette évolution dans mes pensées ? Et si ce geste, qui habite tout simplement dans mon esprit déclenchait quelque chose de positif ? Qui me dit que cette personne ne fera pas du bien sur son chemin ? Elle sera peut-être au bon moment, au bon endroit pour empêcher une bagarre ou saura donner l’aide dont une personne aura besoin ?

Je souhaite souligner, et c’est très important pour moi, que je suis pour l’encadrement à vie lorsqu’il est nécessaire. Des gens irrécupérables ou qui présentent un réel danger en vivant libres dans la société font, c’est clair, aussi partie de notre civilisation et ils doivent pouvoir bénéficier d’un cadre adéquat. Sur ce point, seuls les experts peuvent statuer en menant leur précieux travail.

Cette « seconde chance » appartient à nous tous et elle contient ce cheminement individuel et/ou collectif qui pourrait aider à redéfinir certaines valeurs de cette humanité. Peut-être même que cette opportunité est là pour nous éclairer, attirer nos regards sur les vrais dysfonctionnements qui permettent les déviances et les dérapages au sein de cette civilisation. Un Homme se perd dans une société qui lui permet de se perdre.

Pour conclure, cette vision que je défends est ma façon de porter le panneau avec le nom de personnes ayant subi des abus, des violences, des injustices. Pour toutes ces personnes qui ne font plus partie du monde ici-bas, nous nous devons de mener un combat honnête et courageux en prenant conscience de nos responsabilités à l’égard des dysfonctionnements que nous créons afin d’y remédier, de les stopper, de les transformer, mettre notre expérience au service de l’avancement et de l’évolution.

« Ce monde est en permanence réversible. C’est sa façon de nous laisser le pouvoir d’en faire quelque chose de bien. »

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Sarah Brightman : https://youtu.be/24GCYlxMZWw
Texte en italien : https://www.azlyrics.com/lyrics/sarahbrightman/figlioperduto.html, par Chiara Ferrau & Michael Soltau
Texte en allemand : https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Roi_des_Aulnes_(po%C3%A8me), de Johann Wolfgang GOETHE

Mon hashtag à moi est #MeTooIStandUp

ON NE PEUT PAS AIDER A LIBÉRER LA PAROLE SANS DIRE AVANT TOUT « SE RELEVER, C’EST POSSIBLE »

Mon hashtag à moi est : #MeTooIGetUpIStandUp

A l’ère de tous ces hashtags qui prennent ou revendiquent le rôle de changer nos sociétés, je pense que beaucoup de gens continuent de s’en sortir loin de la vie virtuelle. Ces personnes ne sont donc pas à deux ou trois clics de nous mais plutôt à quelques pas. On donne le pouvoir aux clics et on ignore de quoi nos pas sont capables… Dangereuse cette technologie ! Ces êtres traversent la vraie vie, celle qui se déroule dans ce monde dont le grand défi reste celui de réussir à se le partager entre humains, de le rendre plus humain, plus juste, équitable et courageux. Donc prudence, car l’abus de clics pourrait nous faire passer à côté de gens que nos yeux ne parviendraient plus à voir ou à reconnaître, et surtout, passer à côté de nous-mêmes. Sacrée perte de sens !

J’ai mené mon combat à une autre époque : dépôt de plainte en 1996 en faisant le 117… le téléphone avait un fil, c’était sûrement le dernier. Chaque action que j’ai menée pour me rapprocher de la sortie de cette guerre avait un nom, un sens. Je connaissais à chaque instant la raison de toutes mes démarches, même si elles échouaient parfois ou n’apportaient pas le résultat escompté.

Nous voilà entrés dans une nouvelle ère. Je suis sûre que ces hashtags peuvent aider de façon passagère ou durable plein de personnes et c’est tant mieux. Je ne sais pas comment c’est vérifiable, par contre je sais parfaitement que même l’étape de la « dénonciation officielle » – ce que ne représente même pas un hashtag dans les réseaux sociaux – n’est de loin pas la case finale à atteindre.

Ce qui est également sûr, c’est qu’à un moment donné, le seul message qui comptera, restera, servira, le seul qui ne vous voudra que du bien est « se relever, c’est possible ». Une fois arrivé, ce message, on ne le laisse plus partir. C’est donc lui qui fait grandir et transforme l’humain et, par conséquent, ce monde. Alors pour l’adapter en « langage virtuel », mon hashtag à moi est :

#MeTooIGetUpIStandUp

#MeTooIStandUp.

BRÈVE INTRODUCTION DE MON PROPRE CHEMIN (court extrait d’un travail d’écriture en cours de finalisation pour un livre essai)

En tant que femme de bientôt 46 ans, mon combat a été mené à une autre époque, avec d’autres moyens. D’une certaine façon, il reste toujours une partie de moi, mon combat. Mon corps, mon esprit restent la maison, le territoire de ma guerre. Mais mon corps et mon esprit sont aussi des parties de moi dont j’ai un accès exclusif pour y instaurer la paix. Je n’ai jamais fréquenté de grands mouvements de foule et encore moins lorsqu’ils devenaient virtuels. Je ne voulais pas retrouver une foule, je voulais retrouver moi-même. Ce désir ne pouvait pas être plus clair à mes yeux. Il était en lettres majuscules, tout le temps, à l’aube comme au crépuscule, à l’aller, comme au retour.

Certainement que j’ai vécu l’époque qui me convenait le mieux pour mener ma propre guerre. Ma quête de compréhension est devenue toujours plus intime, solitaire mais n’a jamais perdu sa volonté, sa détermination. Certes, chemin faisant, on s’éloigne de certains milieux, ou de certaines personnes, parce que les affinités s’évanouissent ou les réalités n’ont plus rien à se dire. Mais quelle existence n’aurait pas son lot de souffrance ou de séparations à vivre ? J’avais un but et en moi, je ne faisais aucun compromis. Il s’appelait : être en paix, retrouver ma joie et mon humour, me sentir entière. Car la réalité, c’est que l’abus déclare la guerre, répand la haine et la colère et vous déchire en morceaux. Voilà à quoi ressemble l’allure d’un monde d’une personne abusée. Je me retrouvais donc dans un monde à renverser. Quand les abus débutent tôt dans la Vie, c’est difficile de savoir quoi d’autre existe. Je peux affirmer aujourd’hui que dans le fond, je savais que l’autre face existait déjà. Pour atteindre mon but, j’étais prête à tout, même payer cher, car intérieurement, ça s’apparente à des conditions de survie. Les personnes ayant été abusées connaissent ce sentiment de survie, tellement bien. Tant que nous nous endormons ou réveillons dans la haine, nous ne sommes pas dans l’entièreté de notre être.

Loup Chocolat est une inspiration à laquelle je dois tout, elle ma vie, elle est toute ma Vie, elle est une paix volontaire et possible. Loup Chocolat est un encouragement, à l’échelle individuelle ou collective, pour atteindre et faire vivre une dimension plus humaine de cette société. Une élévation, peu importe le point de départ. Même dans une tragédie, après la phase de révélation, la phase émotive, la phase judiciaire et toutes les autres, il faudra laisser accessible le chemin de l’évolution pour chaque être humain concerné, évidemment ne présentant aucun danger pour cette société. Si on ne le fait, on passe à côté de précieux éléments, ceux capables de nous conduire vers une compréhension, une case nécessaire et incontournable pour avancer et construire un monde plus juste et plus équilibré. L’évolution est une étape fondamentale en permanence pour lutter contre les abus, les déviances, les dérapages et augmenter ainsi constamment l’efficacité de tout ce qui fait en guise de prévention. Mettre l’évolution au service de la prévention.

La finalité sera toujours celle d’empêcher les nouveaux cas et de réussir à se partager ce même monde entre humains, tous imparfaits.

Loup Chocolat est un message universel, qui encourage un monde debout, ça s’adresse à « la foule » et ça passe désormais sans fil !! Voilà mon beau défi ! Comme quoi le temps a aussi passé, fil ou pas, il s’enfile partout : « « attrape-le si tu peux ».

Une ironie sympathique mon beau défi ! Vie solitaire, vie sociale… Une expérience au service de l’avancement de l’autre.

Comment agir ?

Les nouveaux cas seront empêchés par un monde debout, plus juste, plus courageux, plus humain, au quotidien et en priorité.

Je partage volontiers un point bien précis d’un échange que j’ai eu avec une journaliste de la RTS, il y a quasi une année. C’était après la Cérémonie des Césars et avant la date officielle de la première vague COVID-19…. Pendant une heure je lui raconte, avec entrain et enthousiasme, certains épisodes de ma vie qui ont concerné mon combat. Il s’agit de va et vient dans toutes ces dernières vingt-cinq années écoulées. En écoutant, elle répète qu’elle est impressionnée à plusieurs reprises. Je suis consciente que le sujet de l’abus donne envie de « justifier et renforcer » cette colère et haine collectives dans la société, mais moi, aujourd’hui, je dis : j’accepte mon histoire. Je l’ai comprise. Sur ce, elle répond : « vous ne pouvez pas dire ça ». Avant de clore la discussion, arrive le sujet le sujet Polanski et on évoque très brièvement Bertrand Cantat. Elle avait sa position sur le chanteur pensant qu’il ne devait peut-être plus se produire. Je n’avais pas le même avis, je l’avais déjà exprimé dans certains billets de mon blog. Je ne vois pas en quoi empêcher un concert rend ce monde meilleur. A mon sens, croire et faire croire que par l’action de manifester devant une salle de concert ou de cinéma fait de cette société une meilleure société est une grande hypocrisie. En effet, elle m’adresse cette phrase : « Polanski, lui, à la limite, qu’il fasse des films ». Nous sommes d’accord, tout le monde ne choisira pas d’aller écouter Bertrand Cantat et il n’y a rien de plus simple, dans ce monde, que de ne pas aller à un concert. Mais selon mes valeurs, l’Art et la Culture ainsi que la Nature sont deux axes indiscutables qui aident sincèrement les gens à se (re)diriger vers leur entièreté et c’est précisément ce qui peut aider à garder un monde plus sain. En aucun cas, il ne s’agit de soutenir le viol, la violence et les abus. Le dysfonctionnement de notre société se situe ailleurs que dans une salle de concert ou de cinéma où chacun choisit finalement d’y aller ou pas. Plutôt que de s’acharner sur des humains qui ne sont pas des fugitifs, il faudrait chercher partout où c’est possible des regards courageux qui transforment, embellissent et humanisent cette société.

En résumé, cette dame journaliste m’appelle parce qu’elle a su que j’avais eu un chapitre abus dans ma vie, je lui parle ouvertement et sincèrement pendant une heure, ensuite elle place son curseur dans ma vie, en disant que je ne peux pas accepter ce qui m’est arrivé, par contre Polanski peut faire des films (là il y a un sujet tout prêt, tout bon à lui proposer…je m’engage à l’écrire). Évidemment, je n’ai pas à prendre son curseur, je le lui rends d’ailleurs. Tout de même, ce propos je le ressens comme une insulte, car il me définirait comme quelqu’un qui ne pourrait et ne voudrait pas se relever. « L’acceptation » est un passage obligatoire pour pouvoir avancer. Cette insulte c’est aussi dire à ma fille qu’elle a une maman qui ne devrait pas accepter son histoire… Bref, je tenais à exprimer ce point de cet échange car je trouve qu’il est tellement représentatif et révélateur du mal-être, de l’incohérence et de l’hypocrisie de cette société.

Du coup, j’aurais quelques questions : Est-ce que la RTS propose une rente pour toutes ces personnes qui ne devraient « pas accepter » leur histoire, même lorsqu’il s’agit d’un abus ? Ou est-ce que les médias fournissent un certificat qui permettrait d’obtenir une rente auprès des institutions ? Est-ce que le bénéfice financier généré par des sujets qui se servent dans le malheur, dans la peine des autres est en partie redistribué pour faire vivre ces personnes ?

Si j’ai vécu un chapitre abus dans ma vie ce n’est surement pas « que » pour

  • Permettre à une journaliste de gagner sa vie,
  • Permettre à un politique ou à une célébrité de s’emparer de la problématique et de l’utiliser pour mener sa carrière,
  • Que je sois sur une liste de personnes gérée par une association afin que celle-ci obtiennent des subsides et renouvellement de subsides… (bien sûr, les associations peuvent être utiles…mais ce n’est jamais la force permanente de la vie de quelqu’un).

Mais dans tous ces cas, chacun gagne très bien sa vie. Mais que devient la mienne ? Comment la gagner ou la (re)gagner ?

Je pense que le sens est plus profond et qu’il faut aller là où on n’a pas l’habitude d’aller.

Ma façon de (re)gagner ma vie a été d’accepter mon histoire car c’est ainsi que j’accepte aussi ma force et ma liberté d’être au-dessus de ça. À partir de ce point, j’apporte une réelle contribution à la lutte contre les abus. C’est debout que ma force sera efficace, et pour mener ce combat, il en faut, de la force.

J’aime préciser que dans ma salle de bain, j’ai un produit pour prévenir le jaunissement de mes cheveux, j’ai une crème antirides (je vous assure tout le reste va bien…), mon vécu est devenu mon allié. Il m’accompagne en douceur et avec détermination. Je peux depuis n’importe quel lieu dialoguer ouvertement et sincèrement avec chacun des passages de ma vie. Ces moments-là nourrissent et font grandir ma paix.

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Mon message à toutes les personnes qui s’engagent dans cette traversée ou qui traversent en ce moment

« Je ne vous collerai pas l’étiquette de victime, même si vous avez le sentiment d’en avoir besoin, mais celle « d’humains pleins de ressources ». Chaque épreuve nous renvoie à nos ressources. Nos ressources sont proportionnelles à la taille de l’épreuve. Vous, debout, c’est la pire chose qui puisse arriver à l’abus, aux conditions qui lui permettent d’exister. Vous, debout, vous ôtez les moyens à l’abus de durer. Vous pouvez être les créateurs, les créatrices de son inconfort. C’est elle l’histoire à écrire et à laisser en héritage à nos enfants. Nous pouvons faire mieux que de créer des ashtags sous leurs yeux, nous pouvons vivre notre grandeur afin de régler, autant que possible, ce monde sur un meilleur équilibre. Attention aux éléments extérieurs créés par des vagues d’artifice, ils ne sont qu’éphémères et peuvent repartir aussi vite qu’ils sont arrivés. Ils n’ont pas pour but de mettre en avant votre vie. Seuls vous pouvez le faire en vous fiant à 100% à ce que vous ressentez. Il n’y a pas d’autre vérité que celle-ci. Sachez toujours pourquoi vous faites une démarche ou un pas dans une quelconque direction. Connaître cette raison, c’est avancer avec clarté. Soyez-en sûrs, loin de moi l’idée de minimiser ou d’insinuer qu’il n’y a rien de grave dans ce que vous avez vécu. Bien sûr, c’est grave. Bien sûr c’est une grande et insupportable injustice. Il se trouve que les ressources que vous détenez sont précisément ce dont ce monde a besoin pour avoir meilleure allure et pour mener le vrai combat. Contractez cette force, ce trésor qui est toujours intact, il est là, c’est certain. Vous relevez c’est accepter de retrouver votre essence. Et c’est ainsi que l’abus perdra du terrain jusqu’à disparaître. Je connais le désir de vengeance, l’envie que l’autre souffre. Mais j’ai aussi compris que cette vie devient toujours plus brève devant, plus longue derrière. Elle ne fait que respecter sa propre loi, nous ne pouvons pas lui en vouloir, nous ne pouvons que l’aimer. La case finale est votre plénitude et votre paix. Et ce n’est pas un hashtag qui vous y conduira, mais vos vrais pas dans la vie. Soignez le lien avec votre enfant intérieur, cette partie de vous est incapable de vous déserter, c’est tout simplement contre sa nature, contre sa raison d’être. Il n’y a pas un chemin mais mille pour y parvenir. Je pense, en revanche, que lorsqu’un raccourci se présente, nous nous devons de le prendre. Parce que c’est clair, c’est un clin d’œil de cet univers. Il nous appelle à nous relever.
Ne prenez rien de message si ce n’est pas le moment. Je comprends. Ne gaspiller pas d’énergie à m’en vouloir ou à ne pas être d’accord avec moi ou à ne pas m’aimer. Ma position est légitime, je partage tout simplement ce que la vie m’a inspiré généreusement.  

Je vous souhaite une pluie de clins d’œil sur votre chemin et de profiter du beau temps après la pluie. »

Portez-vous bien, soyez fiers de vous, vous portez déjà le monde 🙂

©Maria Grazia Paparone, (alias Grace) texte en partie extrait d’un travail d’écriture en cours.

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